Vasectomie : et si on en parlait ?
La vasectomie n’est plus ni illégale ni taboue. Cette méthode de stérilisation masculine à visée contraceptive est mise en lumière dans un film réalisé par Jean-François Marquet à Nantes.
« Depuis la contraception féminine, la pilule, l’homme n’est plus dépositaire des décisions quand à la fertilité du couple. L’homme s’est déchargé de la responsabilité de la fertilité. » Jean-François Marquet a réalisé le documentaire Vasectomie, ça va faire mâle* diffusé en octobre dernier sur France 3. Il a lui-même été vasectomisé il y a dix ans. Quand il avait évoqué le projet à l’époque, son médecin lui avait répondu : « C’est une belle idée que vous avez là ». La vasectomie est un acte chirurgical qui consiste à couper et bloquer les canaux déférents qui transportent les spermatozoïdes à partir des testicules. Elle est pratiquée sous anesthésiste locale et dure moins d’une heure.
« On opérait chez les fous »
« En 2012, quand je l’ai fait, la vasectomie concernait 1% de la population en France. Aux États-Unis ou au Canada, elle concerne un couple sur six. » Il faut dire que la pratique était interdite en France jusqu’en 2001. Auparavant, les médecins qui l’effectuaient pouvaient être condamnés pour coups et blessures volontaires. Elle se pratiquait alors, mais hors-cadre. « À Nantes, on opérait à l’hôpital Saint-Jacques, donc chez les fous. Ce sont des médecins généralistes qui réalisaient l’opération – une tradition qui perdure aujourd’hui. L’un d’entre eux m’a dit qu’à l’époque où c’était interdit, il avait vasectomisé des juges. » Les hommes donnaient l’argent qu’ils voulaient. Il a servi à éditer des documents qui ont circulé partout en France dans la communauté médicale.
« Elle devient naturelle quand on ne veut plus avoir d’enfant »
Le documentaire suit le parcours de plusieurs hommes et s’attache plus particulièrement à deux d’entre eux. On les voit notamment évoquer leurs motivations lors de l’entretien préalable obligatoire. « Il y a souvent une prise de conscience sur la nocivité de la pilule et une vision des hommes qui a changé sur la masculinité.
La vasectomie fait partie des moyens de stérilisation à visée contraceptive. Elle devient naturelle quand on ne veut plus avoir d’enfant. » Le film parle de l’appréhension, de la douleur, du maintien du plaisir sexuel. « C’est tout cela que le film veut évacuer : il n’y a pas de problème de virilité ou sur les caractères sexuels secondaires, pas de changement sur la vie sexuelle. »
Au travers de ce film, on comprend que cette opération et ses conséquences sont très peu connues par les hommes. « Les femmes ont des consultations gynécologiques. L’équivalent n’existe pas pour les hommes. Il n’y a pas d’information ou de lieu pour en causer. Les hommes connaissent beaucoup moins bien leur appareil génital que les femmes. » Et puis, les hommes ne parlent pas. Il a fallu la présence de la caméra pour que l’un des personnages du film apprenne que d’autres membres de son équipe de foot avaient soit déjà subi l’opération, soit envisageaient de la faire. « Il y a une espèce de pudeur ou de tabou sur cette chose-là que le film veut faire sauter, sans être prosélyte. »
Le film a rassemblé 20 000 spectateurs lors de sa diffusion et comptabilisé 290 000 vues en quinze jours via internet. Aussitôt après la diffusion, le centre Simone Veil du CHU de Nantes a enregistré un doublement de demandes de vasectomie.
* Le film est disponible jusqu’à fin 2023 sur le site Internet de France 3 Pays de la Loire.
À savoir
• La loi du 4 juillet 2001 oblige à une information, un choix éclairé, un délai de réflexion de quatre mois et un consentement écrit du demandeur.
• Il faut avoir au moins 18 ans.
• Le demandeur a la possibilité, avant la vasectomie, d’effectuer une conservation de sperme.
• L’efficacité de la vasectomie est validée par la réalisation d’un spermogramme, trois mois après l’intervention, afin de vérifier l’absence de spermatozoïdes (azoospermie).