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Ciné : Les Amandiers, les années Chéreau

Fin des années 80. Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble, ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies. Valeria Bruni Tedeschi, elle-même élève de cette école, réalise ce film où il n’est pas question que de théâtre.

Elle est venue le présenter à Nantes au cinéma Katorza. C’était la première présentation du film en salle en France. Elle a évidemment fait un détour par les studios de France Bleu Loire-Océan en compagnie de Clara Bretheau et Baptiste Carrion-Weiss, qui font partie de la troupe des Amandiers pour répondre aux questions de Jean-Jacques Lester.

On est ravis de vous recevoir à Nantes, qui est la première ville de votre tournée de présentation !

Valéria Bruni Tedeschi : Je suis très contente d’être à Nantes. J’aime bien. Je suis venu avec Patrice Chéreau pour Rêve d’Automne à l’époque et c’était une très belle expérience. À chaque fois que je viens présenter les films, c’est un peu comme une ville porte bonheur.

On a salué votre film au festival de Cannes. Les Amandiers, pour ceux qui ne connaîtraient pas bien le monde du théâtre, c’est quand même le théâtre dont Patrice Chéreau était le directeur. Tandis que Pierre Romans était directeur de l’école…

Pour nous, c’était deux figures très importantes. Le film n’est pas un biopic. Il est inspiré par eux. C’est important de le dire. C’est une évocation intime, secrète des acteurs. Louis Garrel a évoqué Patrice Chéreau et Micha Lescot a évoqué Pierre Romans.

C’est une déclaration d’amour au jeu et à la comédie ?

Oui. Mais ce n’est pas un film sur les acteurs et leur travail. C’est un film sur la jeunesse et sur l’envie d’avoir une passion, et l’envie d’aimer. C’est un film sur le désir.

C’est un film chorale aussi.

C’est à la fois un film chorale et une histoire d’amour. C’est une histoire d’amour tragique. C’est à la fois un groupe et un couple.

Vous étiez aux Amandiers, Valeria. Le film se passe dans les années 80. Il y a le contexte de l’époque et les musiques de l’époque. Il y a quelque chose de vous quand même, dans le film.

Valéria Bruni Tedeschi : Moi, je travaille beaucoup en m’inspirant et en partant d’une réalité qui m’appartient. Ensuite, avec mes co-scénaristes, nous nous laissons le droit d’inventer, de tout remanier. Puis, il y a les acteurs et les actrices qui arrivent et à nouveau, ça se réécrit. Ça se poursuit ensuite au montage… Mais pour revenir à cette école, quand j’avais vingt ans, elle a été vraiment fondamentale, pas seulement pour moi, mais pour tous les élèves de l’époque. C’était une école un peu mythique. Ça m’a semblé une évidence quand on m’a proposé cette idée de film.

À un moment, il y a un des personnages qui dit : “Attention à ne pas devenir folle”. Qu’est-ce que vous en pensez, Clara Bretheau ?

Clara Bretheau : Dans le cinéma de Valeria, il faut toujours être au bord de quelque chose, sur un fil. C’est assez sympa de pouvoir traverser beaucoup d’émotions et de situations dans un cadre de fiction. C’est compliqué parce que parfois, la vie à côté semble un peu plus terne. Mais je ne suis pas tout à fait sûre qu’on finisse folle.

Baptiste, qu’avez-vous pensé de cette expérience ? De se retrouver dans cet endroit mythique, Les Amandiers. Est-ce que ça conforte votre passion du jeu d’acteur ?

Baptiste Carrion-Weiss : Ah oui, totalement, c’est déjà un super beau cadeau que Valéria nous a fait à toute cette troupe de jeunes acteurs que nous sommes. Ça conforte tout, évidemment. C’était un plaisir immense. On a répété pendant un mois avant le tournage. Il y a eu un vrai phénomène de troupe qui s’est mis en place et c’était joyeux.

Il y a des torrents d’émotions à travers ce que vivent vos personnages dans leur vie privée et cette intensité dans des passages où on les voit en train de travailler.

Valéria Bruni Tedeschi : C’était une école où, plus que dans une école conventionnelle, comme le conservatoire, il nous a fallu effacer la frontière entre la vie et le travail. On vérifiait la possibilité de passer de la vie au travail sans qu’il n’y ait une vraie limite. Ce qui est à la fois très jouissif, ça met beaucoup de vie et de vérité dans le travail, mais ce qui est aussi un peu dangereux : ça nous mettait en déséquilibre perpétuel. A la fin des deux ans d’école, on n’était pas vraiment très frais !

“On ne veut pas de bons acteurs, on ne veut pas de savoir-faire…” C’est ce qui est dit à un moment… Qu’est ce qu’on veut alors ?

On veut de la vérité.

Le film les Amandiers est actuellement en salle.