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Mode durable : rencontre avec Nohé

Nohé, une marque de vêtements avec des valeurs, a été créée il y a tout juste un an à Lorient (Morbihan). Des vêtements intemporels, durables et peut-être bientôt transportés à la voile ! Tout un programme que nous dévoile Anne-Laure Silvestre, la fondatrice de Nohé.

Comment décrire Nohé en quelques mots ?

C’est une marque bretonne de mode outdoor engagée dans une démarche bas carbone.

Bas carbone, qu’est-ce que cela signifie ?

Pour réduire au maximum l’impact du vêtement, nous avons engagé dès l’origine une démarche d’écoconception. Reste le problème du transport : 80% de la production se fait en Asie. Nous avons donc cherché à produire le plus localement possible pour réduire également l’impact du transport au maximum.

Et pour cela, rien de mieux que la voile ?

C’est de là que vient le nom de Nohé. Il est parti en bateau pour reconstruire un nouveau monde. Comme on est à Lorient, dans un environnement marin, cela s’est fait naturellement. Il y a ici le Pôle course au large, par exemple. Il y a des choses à faire. Mais le transport à la voile, cela veut dire aussi avoir du volume, sinon ça n’a pas de sens. Quand on produira dix mille pièces par an, on pourra utiliser le bateau.

En attendant, vous voulez tester le transport à la voile…

Une grande partie de notre production est située à Porto, au Portugal. Les vents peuvent nous ramener nos cargaisons, donc on va tester l’idée une fois par an. Nous sommes en discussion avec des courses à la voile : pourquoi est-ce que les bateaux ne reviendraient pas chargés ? Cela aurait du sens, selon moi. Ensuite, nous verrons. Nous recherchons activement des bateaux, qu’on se le dise (Rires).

Faire durer le vêtement, n’est-ce pas l’autre moyen de réduire son impact
environnemental ?

Oui, c’est l’une des clés. On produit cinquante-cinq millions de tonnes de vêtements chaque année, et quatre millions de tonnes sont jetées. Le fait d’avoir des vêtements qui durent, c’est aussi arrêter de pousser à la consommation.

Comment fait-on, concrètement ?

Cela passe par le fait de s’assurer que les matières premières sont d’excellente qualité. Chez Nohé, elles proviennent uniquement de France, d’Italie ou du Portugal. Notre coton pour le sweat à capuche, par exemple, est 40% plus épais et tricoté très serré. On est sur du 550g par m2. C’est un coton bio, un produit qui a de la tenue et qui ne se déforme pas. Il faut faire le tri dans les matières.

Au-delà des matières, il y a aussi la coupe…

Je n’aime pas trop le terme intemporel. Je dirais que nous essayons surtout de faire des produits indémodables. Les pulls tricotés par nos grands-mères sont toujours d’actualité. Nous faisons attention à ce que le design ne soit pas dépendant d’une couleur de la saison, ou d’un volume. Il y a des formes que l’on portait il y a dix ou vingt ans et qui sont toujours aussi désirables. Et qu’on va porter encore pendant vingt ans.

Qu’est-ce qui vous a poussée à entamer cette démarche et à créer Nohé ?

Je travaillais dans la mode à Paris au sein d’une très belle marque. J’adorais la qualité des matières mais j’avais du mal avec le côté industriel et ce besoin de croissance qui poussait à augmenter toujours plus les volumes. Puis, un jour, je me suis faite renverser par un camion. J’ai été arrêtée pendant un an. Pendant ce temps, j’ai beaucoup lu et réfléchi. C’est là que j’ai décidé de partir et de créer Nohé.

Quels sont vos prochains objectifs ?

Après un sweat à capuche, un tee-shirt, un pull en laine recyclé, un pull en coton fabriqué en France et une veste en laine up-cyclée, nous avons choisi de lancer un blouson polaire en septembre avec un modèle femme et homme.

La première campagne de pré-commandes a été un beau succès, comment l’expliquez-vous ?

Je pense que les gens ont envie de participer à cette démarche du ralentir, du moins et du mieux. C’est la démarche de base. Ensuite, ce qui me fait très plaisir, c’est qu’une fois qu’ils ont reçu leurs vêtements, les clients sont enthousiasmés par la qualité des matières.

www.nohe-wear.com