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C’est magnifique ! Clovis Cornillac rend heureux

Pour son troisième long métrage, Clovis Cornillac s’aventure dans le conte moderne et onirique avec C’est magnifique ! De belles images, une histoire pleine de tendresse et de bienveillance qui flirte avec le fantastique et qui fait du bien ! Pour Action – Le Mag Ciné sur France Bleu Loire Océan, Jean-Jacques Lester a rencontré le réalisateur et acteur principal lors de sa venue à Nantes à l’UGC Ciné Cité Atlantis, où il a présenté le film en avant-première.

Clovis Cornillac, vous avez réalisé un conte moderne, une comédie avec du
merveilleux… Ce n’est pas banal dans le cinéma français aujourd’hui !

C’est toujours difficile à catégoriser, ce genre de films qui ne rentre justement pas dans un genre. Les gens me disent après l’avoir vu : « Ça m’a produit la même émotion qu’Amélie Poulain », ou Forrest Gump, des films de Tati ou de Tim Burton. Que des grands noms ! Je ne me compare pas à ces gens-là, mais je pense qu’effectivement, on retrouve un cousinage avec ces films. Si vous aimez ce type de films, il n’est pas impossible que vous aimiez C’est magnifique !

C’est aussi le titre de la chanson de Dario Moreno, et elle a son importance dans le film…

Quand on réalise un film, on espère que tout ce qui mis à l’intérieur du cadre, le mouvement des caméras et le son, évidemment, apportent quelque chose. C’est une forme d’écriture. Évidemment que la chanson de Dario Moreno a son importance. En plus, je trouve qu’elle a quelque chose à voir avec le rythme du film et ce que ça veut raconter. Il y a cette idée de regarder les choses un petit peu autrement et une sorte de swing, de bienveillance, de bonne humeur, d’envie d’une vie et de rapports qui soient tendres et généreux.

Votre personnage a un regard totalement différent sur notre monde. Il a toujours vécu
avec ses parents dans la montagne, la nature. Et un jour, il arrive en ville…

Il a effectivement été élevé sans être jamais confronté à la société. Ses seuls objets culturels, c’était un disque de Dario Moreno et un livre, Le Petit Prince. Ce type a du génie avec les fleurs, le miel, et il a aussi ce super pouvoir de bienveillance. Lorsqu’il fait face à notre société, on s’en amuse et on se confronte à cet autre regard. On se dit que ce Candide va avoir beaucoup de mal à vivre parmi nous, et en même temps, on réalise que notre manière de vivre a quand même de grands pans d’absurdité. Son attitude à lui nous les révèle. C’est assez jouissif, et j’espère jubilatoire. Le traitement du film est à l’inverse de la gravité qu’il peut éveiller.

Quel a été le déclic à la base de ce film ?

Après mon long-métrage, Un peu, beaucoup, aveuglément, qui avait rencontré un certain succès, les partenaires m’ont dit : « On continue ». Évidemment, je suis tombé amoureux de la réalisation, donc évidemment, j’avais envie de faire un autre film. Je n’avais pas d’idée précise mais j’avais une thématique sur laquelle j’avais envie de travailler : la bienveillance. C’est parti de là. Heureusement, j’ai deux grands scénaristes qui m’ont accompagné. Ça a été assez long, mais c’est exactement le film que je voulais faire.

Il y a d’abord ce personnage qui débarque dans un milieu totalement inconnu, puis le
film glisse vers le fantastique. On trouve un peu du Passe-muraille de Marcel Aymé…

On m’a déjà cité cette référence, effectivement. J’aime l’idée de fabriquer du cinéma pour le cinéma. Je n’ai rien contre la télé et les plateformes, mais je crois que le cinéma doit rester un endroit particulier. Je pense que le spectaculaire, qu’il soit historique ou fantastique, est magnifié par le cinéma. Les gens sortent en se disant qu’ils ont passé un moment particulier.

Tout au long du film, on parle de fleurs. Et elles sont magnifiques. Pourquoi ce désir de
se rapprocher de la beauté du monde ?

Nous avons tous un rapport très intime à la nature, mais on ne s’autorise pas suffisamment à le laisser parler. J’aimais bien cette idée d’un personnage qui soit un surdoué du rapport avec la nature, pour une seule et bonne raison : il est en osmose avec elle. À travers son prisme, on sait comment il voit le monde : il le voit beau. Il fabrique des fleurs, il crée des fleurs, il fait du miel. Ce sont des symboliques fortes dans une idée de regarder le monde un peu autrement.

Ceux qui le comprennent, le protègent, sont des gens un peu décalés, en marge de la
société…

Quand tu as très peu, quand tu es en marge, la solidarité s’exerce davantage. C’est aussi un fantasme d’un cinéma populaire des années cinquante et soixante, où on voyait la camaraderie chez les gens d’en bas. J’aime bien cette idée que, quand tu es perdu, ceux qui peuvent aider, c’est rarement « ceux de la haute ». Tu leur fais peur, tu les angoisses. Quand tu es cabossé, comme le personnage d’Alice Pol, il y a quelque chose qui se passe. Il va la réveiller, elle va l’aider. Elle va s’épanouir, retrouver la force d’aimer et de vivre. C’est un cercle vertueux.

En salles depuis le 1er juin 2022