Le Silence de la Mer
À chaque numéro, retrouvez les coups de cœur et la sélection des libraires de la librairie indépendante Le Silence de la Mer.
FOCUS
Jacques Rigaut
Le plus beau, le plus radical des dadaïstes
Paris, novembre 1929 : les Années folles s’achèvent. Dans sa chambre d’une maison de désintoxication, un jeune homme se tire une balle dans le cœur. C’est Jacques Rigaut, le plus beau, le plus radical des dadaïstes. Ce non-conformiste absolu avait prévenu : « Essayez, si vous le pouvez, d’arrêter un homme qui voyage avec son suicide à la boutonnière. » Des années plus tard, André Breton lui rend hommage dans son « Anthologie de l’humour noir ». Mais c’est surtout Drieu la Rochelle et Louis Malle qui le font entrer dans la légende : « Le Feu follet », c’est lui. À ce « suicidé magnifique » disparu à l’âge de trente ans, dont Gallimard a publié les rares « Écrits » en 1970, Jean-Luc Bitton consacre pour la première fois une biographie monumentale. Fruit de quinze années de recherches, illustrée de nombreuses photographies et de documents inédits, cette somme se lit comme le grand roman des Années folles et de la « génération perdue ».
« Jacques Rigaut, le suicidé magnifique »
Jean-Luc Bitton – Éditions Gallimard
Trois coups de ♥
Littérature étrangère
« Compagnons de route », Friedrich Gorenstein – Éditions Héros Limite
Friederich Gorenstein termine « Compagnons de route » à Berlin où, dissident, il trouve refuge en 1985. Ce livre, qui retrace l’histoire terrible de la république ukrainienne sous l’emprise du communisme, ne paraîtra pas en URSS comme à peu près aucun de ses romans. Un train, la nuit, en Ukraine. La rencontre insolite d’un écrivain soviétique « installé » et d’un homme misérable qui, tout au long du voyage, raconte sa vie à son interlocuteur de hasard. Peu à peu, l’écrivain s’approprie le récit de l’inconnu : l’anéantissement des paysans ukrainiens pendant la collectivisation, l’occupation allemande, l’extermination des juifs, le retour du pouvoir soviétique… Une réédition indispensable.
Essai
« La force d’une idée », Alain Supiot – Éditions les Liens qui libèrent
L’accroissement vertigineux des inégalités, l’abandon des classes populaires à la précarité et au déclassement, les migrations de masse de jeunes poussés par la misère suscitent des colères et des violences protéiformes, qui nourrissent le retour de l’ethno-nationalisme et de la xénophobie. Se vérifie ainsi une fois de plus le bien-fondé des déclarations solennelles qui, tirant les leçons de la Première, puis de la Seconde Guerre mondiale, avaient affirmé qu’« une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale ».
Jeunesse
« L’arrivée des capybaras », Alfredo Soderguit – Éditions Didier Jeunesse
Les capybaras étaient nombreux. Ils étaient poilus. Ils étaient mouillés. Ils étaient trop gros. Il n’y avait pas de place pour eux. Comme tous les animaux les rejettent, ils vivent dans les fossés, jusqu’au jour où les chasseurs débarquent avec de bien mauvais desseins. Les capybaras viennent alors en aide aux poules et aux poussins. L’histoire d’une amitié qui naît dans l’adversité.
Le Silence de la Mer
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