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Immobilier. Marché fébrile et tendu à La Baule

« Une offre insuffisante par rapport à la demande »

Quels sont les fondamentaux d’un marché en forte tension ? À quoi faut-il s’attendre dans les années à venir ? Rencontre avec Jean-Charles Veyrac, notaire et délégué à la communication pour la chambre des notaires de Loire-Atlantique.

Comment décririez-vous le marché actuel en Loire-Atlantique ?

Le marché est très dynamique, presque en surchauffe dans certains secteurs. Le dynamisme est une bonne chose, mais l’augmentation trop forte des prix, elle, ne l’est pas.

Qu’est-ce qui occasionne cette surchauffe ?

Une offre insuffisante par rapport à la demande. Il existe d’importantes migrations dans le département, mais la production de logements n’est pas à la hauteur.

Y a-t-il un côté spéculatif dans cette hausse des prix ?

Nous ne sommes pas dans un phénomène où l’on se tourne vers la pierre comme valeur refuge. C’est vraiment la dynamique démographique, celle d’une population qui arrive dans le département et qui tire le marché. Globalement, lorsque l’on fait de la spéculation immobilière, on achète pour louer, voire pour ne pas louer. Mais Nantes est la métropole de France où il y a moins de logements vacants. C’est même la métropole où le taux de résidences principales est l’un des plus élevés des grandes villes de France. On achète à Nantes pour y vivre !

On manque donc clairement de logements aujourd’hui, selon vous ?

Oui et c’est le rôle de la politique de permettre de développer du logement social et du logement neuf. Il faut produire des logements à la hauteur des gens qui arrivent.

Quelles sont les conséquences de la crise sanitaire ?

C’est un peu tôt pour le dire. Les conséquences du Covid vont apparaître cette année ou l’année prochaine. Elles vont avoir un impact sur tous les aspects de la société, sur tous les marchés y compris dans l’immobilier. On ne construira plus pareil, l’urbanisme et l’aménagement urbain seront différents. L’accès à l’extérieur et la proximité avec la nature vont devoir être privilégiés.

Les biens en périphérie des grandes villes sont-ils de plus en plus recherchés ?

Oui, et ce n’est pas encore un effet du Covid. Ce n’est pas une migration « idéologique », c’est une migration économique parce que c’est tout simplement moins cher. En revanche, le développement du télétravail rendra l’achat en dehors de Nantes plus facile. Le déplacement de population se fera au profit des villes moyennes qui offriront un certain niveau de services : le médecin, le collège, le lycée… Avec le développement du télétravail, on a peut-être moins peur des embouteillages et du coût de l’essence.

Quels sont les secteurs du département les plus dynamiques ?

Il y a deux réacteurs en Loire-Atlantique : la métropole nantaise et sa prospérité économique ainsi que la côte. Le côté hyper dynamique de l’économie nantaise attire beaucoup de monde depuis plusieurs années. Cette population vient de Loire-Atlantique mais également de Paris. Sur la côte, ce sont des gens qui arrivent pour la très grande majorité d’autres départements.

Et sur la côte, enregistre-t-on un effet Covid ?

On peut penser qu’il y a effectivement un effet de la crise sanitaire. Les gens passent à l’action. Ils viennent acheter une résidence secondaire pour préparer leur retraite, pour y passer des week-ends. Certaines personnes préfèrent également investir cinq cents mille euros dans une maison plutôt que de les avoir sur un compte qui ne rapporte rien. Ce sont tous ces phénomènes qui font que le marché de la côte est hyper dynamique. C’est particulièrement vrai sur la côte sud où les prix sont moins élevés. Là, on voit beaucoup de retraités acheter.

« Le marché de la côte est hyper dynamique » 

Ces maisons secondaires le sont-elles vraiment ?

Il y a effectivement de plus en plus ce que l’on appelle des résidences « semi-secondaires ». On ne sait plus trop quelle est la résidence secondaire et quelle est la résidence principale. Ce mode de vie commence à se pratiquer encore une fois grâce au développement du télétravail qui vient modifier les habitudes et accélérer un phénomène qu’on sentait venir.

Vous avez parlé du sud-Loire, mais le secteur de La Baule attire-t-il toujours beaucoup ?

Absolument. Il y a toujours un attrait très fort pour La Baule et sa région. C’est une ville au bord de la mer. Tous les services sont à proximité. Il y a un hôpital, des infrastructures vraiment performantes qui font que cette zone attire beaucoup.

Est-il toujours aussi facile d’acheter aujourd’hui ?

Il y a un petit « effet ciseaux ». Les banques sont aujourd’hui plus regardantes sur la solvabilité des ménages. Elles sont plus exigeantes sur le dossier. Les indépendants, par exemple, sont particulièrement concernés par la précarité actuelle. Cette catégorie socioprofessionnelle peut sortir du marché faute de garanties suffisantes.

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