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Immobilier. Marché fébrile et tendu à La Baule

Acheter une résidence sur la Presqu’île ou faire construire devient aujourd’hui plus complexe dans un marché tendu. Peu de biens à vendre et des acheteurs aux aguets, il faut agir vite en gardant la tête froide. Décryptage. 

« Jusqu’à maintenant, je n’avais jamais connu une période avec si peu de biens à la vente ». Denis Péris, à la tête du cabinet Péris Immobilier qu’il a créé il y a plus de vingt ans à La Baule, suit de près un marché ultra-tendu. « En moyenne, nous avons toujours entre soixante et quatre-vingts biens à proposer à la vente, souligne-t-il. Aujourd’hui, nous en avons à peine une dizaine ». 

Les vendeurs mûrissent longuement leur projet avant de vendre et surtout, les acheteurs se bousculent. « Pour un bien, on peut avoir cinq demandes d’acheteurs en même temps. Les gens veulent vraiment acheter quelque chose ». Conséquence du confinement, envie de placer de l’argent dans la pierre ? « Ces dernières années, les Français avaient un peu délaissé les résidences secondaires. Ils préféraient voyager ou acheter un bien à l’étranger. Aujourd’hui, beaucoup mesurent l’intérêt de disposer d’un bien pas trop loin de leur domicile. Ce raisonnement, beaucoup de Nantais, de Rennais ou de Parisiens l’ont eu ». Et pas toujours pour acheter une résidence secondaire. 

Changement de modèle

Choisir de vivre au bord de la mer dans une zone qui dispose de tous les services, de la santé à l’éducation en passant par la culture et les activités d’extérieur : beaucoup sautent le pas aujourd’hui. « Quand je me suis installé, l’activité de vente de résidences secondaires représentait 80% de mon chiffre d’affaires. Aujourd’hui, c’est 40%. On constate vraiment un changement de modèle et un phénomène qui ne fait que s’accentuer ». Corollaire de cette envie de bord de mer : les prix grimpent. « C’est aujourd’hui davantage une vente de complaisance qu’une vente de marché », décrypte-t-il. L’offre et la demande ont été remplacées par le coup de cœur et l’envie. 

Le même phénomène touche la construction neuve. Le foncier est de plus en plus rare. « Cela a toujours été un souci sur la presqu’île, tempère Frédéric Lécuyer, gérant de Sweetwood Homes. Mais il y a du turn over et celui ou celle qui cherche trouve, à condition de s’armer de patience ». Le spécialiste de la construction de maison à ossature bois type balnéaire ou américain met toutefois en garde : il ne faut pas se précipiter dès qu’un terrain est disponible. « Même avec un marché aussi tendu qu’aujourd’hui, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. On a toujours le temps de vérifier le droit à construire, la viabilisation et de prendre rendez-vous en mairie. Nous sommes aussi là pour ça ». 

Très chères matières premières

Il est donc urgent de rependre son temps, même dans le contexte actuel. « Il y a une forme de fébrilité ambiante qui n’est pas forcément très saine. On veut tous avoir son chez-soi très vite, un endroit sécurisé dans un monde anxiogène. Le problème, c’est que cette fébrilité peut conduire à un manque de lucidité ». 

D’autant que le marché de la construction subit une autre pression : la course aux matériaux. La reprise mondiale qui se profile crée une tension énorme. « Les États-Unis et la Chine achètent tout, résume Frédéric Lécuyer. Le bois, par exemple. Le bois français part se faire transformer en Chine. Toute la filière du bâtiment, du charpentier au maçon qui a besoin de bois pour coffrer, se retrouve impactée ». Résultat : les prix de la construction augmentent déjà. L’OSB, ces panneaux de bois compressé très utilisés dans la construction ou l’aménagement intérieur, a vu son prix multiplié par deux. « Nous allons avoir de gros soucis si l’État ne fait pas quelque chose dans les mois qui viennent. Il faut être extrêmement attentif, il y a des solutions à tout, mais il faut être vigilant ». 

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