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Musique : Suzanne, show engagé

Des Victoires de la musique à l’Olympia en passant par les plus gros festivals, Suzane chante son époque avec une énergie fédératrice et émouvante à souhait. Des titres immédiats, des thèmes universels et engagés, un premier album déjà disque d’or, et des prestations scéniques remarquées… Suzane s’est imposée comme l’un des visages de la nouvelle scène française. Elle est de retour sur scène en 2022 avec un tout nouveau show.

Votre chanson Clit is good parle de la masturbation féminine, pourquoi est-ce que ce
sujet vous a intéressé ?

C’est une question que je me suis moi-même posée. Cette chanson, elle vient de loin. Un jour, avec des amies, on s’est lancé le défi de dessiner une vulve. On ne savait pas, à trente ans, comment faire. Je me suis dit que ce corps de femme que l’on montre beaucoup, on en cache ou on en tait certaines zones. Des zones qui servent uniquement au plaisir.

C’est ce plaisir féminin qui est encore tabou ?

On sait tous dessiner un sexe d’homme. Mais celui de la femme reste un mythe, un mystère, même pour nous-mêmes. On sexualise le corps de la femme, on objective la femme, mais parler de son propre plaisir, c’est effectivement tabou. C’est presque déplacé. Si j’ai écrit Clit is good, c’est pour libérer la parole. Le sujet ne doit pas être passé sous silence.

Vous avez tourné un clip. On y voit des profils de femmes très variés…

J’ai eu du mal à oser cette chanson, oser les mots. J’y vais, je fais un clip, j’ai un peu peur. Avec la réalisatrice, on désire montrer le corps de la femme avec tous ses âges et toutes ses formes. Il n’y a pas de date de péremption. Victoria Abril nous fait l’honneur de jouer cette femme de plus de soixante ans qui lit son bouquin et se donne du plaisir à elle-même. J’ai été très bien entourée par plusieurs femmes et hommes heureux de faire raisonner cette chanson.

Le clip a été interdit aux mineurs par YouTube. Vous le comprenez ?

Pour moi, la limite d’âge imposée par YouTube au bout de quatre jours est un peu incohérente et un peu hypocrite. Le porno est partout sur Internet et on dit à la jeunesse qu’il ne faut pas aller voir mon clip. Moi je veux aussi m’adresser aux jeunes filles pour qu’elles voient que la sexualité, ce n’est pas forcément à deux, ce n’est pas forcément du porno. J’ai d’ailleurs reçu des messages de profs de SVT qui montrent la vidéo aux élèves. Je les en remercie.

Vous avez également participé à un clip de prévention contre l’homophobie et la
transphobie ordinaire. Cela veut dire quoi, pour vous ?

On entend ces mots tellement souvent dans le quotidien : « fiotte », « pédale »… Des mots qui blessent, des stéréotypes qui n’en finissent jamais. Les gens qui prononcent ces mots ne se rendent souvent même pas compte qu’ils peuvent blesser. Moi-même, j’ai déjà subi ces mots, c’est important de dire la vérité et de ne pas se taire. Se taire, c’est se conditionner à continuer à les recevoir. La jeunesse qui se construit ne devrait pas continuer à entendre ces mots. J’ai répondu à l’appel du magazine Têtu, pour diffuser ce message-là.

Vous qui êtes lauréate de la Victoire de la révélation scène en 2020, vous êtes repartie en tournée. Et les dates s’enchaînent à un rythme dingue !

J’ai commencé comme ça et j’espère que ce sera toujours aussi intense. Après, il faut faire attention, physiquement, mentalement… Je veux toujours être à la pointe pour le public qui vient m’écouter. Je crois que la scène, c’est mon plus beau voyage. J’y ai goûté à l’âge de cinq ans et si je ne fais rien sur scène, il me manque vraiment quelque chose.

Vous êtes à l’Olympia le 22 septembre. C’est une date que vous attendez particulièrement ?

Oh oui ! Cette date a été reportée trois fois. C’est un rêve de gamine. On a tous des rêves que l’on met de côté une fois adulte. Eh bien, mon rêve se produit pour de vrai. Quand je vais voir mon nom en lettres rouges sur le mythique fronton de l’Olympia, je vais m’évanouir. Je suis déjà émue rien qu’à l’idée de ce qui va se passer.

Suzane sera sur scène le 3 juillet 2022 au festival de Poupet (Saint-Malô-du-Bois, Vendée), le 31 juillet 2022 au festival Les Escales (Saint-Nazaire) et le 25 janvier 2023 au Stereolux (Nantes).