Vers la fin des jouets
S’il est impossible d’échapper à Noël et ses cadeaux, ces derniers sont de plus en plus conçus pour les filles et les garçons. Jusqu’à un certain point…
Les stéréotypes ont la vie dure : difficile de passer à côté du rose, toujours associé aux filles qui jouent forcément à la poupée, et du bleu, la couleur des garçons, de leurs boucliers et mallettes de bricolage. « Les choses changent. Petit à petit. Les fabricants écoutent les retours des clients et essaient d’imaginer des jouets moins genrés », constate Nicolas Grolleau, à la tête de la boutique Le P’tit Lutin. Carmen Chevrier, conseillère de vente chez Oxybul, note également quelques changements. « Chez nous, cela passe beaucoup par la couleur et le packaging : notre petite cuisine existe en rouge ou vert et on voit une petite fille et un petit garçon sur l’emballage. »
Une cliente d’une cinquantaine d’années surprend notre conversation et s’exclame : « Enfin ! C’est bien. »
L’achat de jouets genrés ne serait donc pas qu’une question de génération ? « Globalement, les clients apprécient les efforts faits. Dans notre discours, on essaie de rendre l’article le plus mixte possible, même quand on a un petit garçon sur l’emballage d’un déguisement de pompier ! », affirme Carmen. Chez Le P’tit Lutin, on est moins convaincu. « Les grands-parents font attention, mais certains jeunes parents ont du mal à laisser leur fils jouer à la dînette. Clairement, c’est un problème pour les parents, pas pour les enfants au moins jusqu’à trois ans. Les enfants, eux, jouent avec ce qu’on leur propose », constate Nicolas.
« Nous vivons les prémices d’une prise de conscience »
Certes. Et s’il est plus commun de voir des petits garçons jouer à la dînette dans les catalogues, on n’y trouve pas encore beaucoup de petites filles se saisir d’une perceuse. Pourtant, comme l’expliquait le psychopédagogue Nicolas Murcier en 2005, c’est entre cinq et sept ans que « la valeur accordée aux stéréotypes de sexe est à son apogée chez les enfants ». On a de quoi s’inquiéter… « Je pense que nous vivons les prémices d’une prise de conscience. On parle des jeux très connotés comme la cuisine ou le bricolage, mais il y a aussi des efforts à faire sur les loisirs créatifs, où les thèmes sont encore majoritairement féminins, et les déguisements. Il faudra plusieurs générations », conclut Carmen. Petit à petit, on a dit. ♦