Culture,  Portrait

Musique : Adieu Tri Yann ! Le groupe nantais a dit au revoir à la scène

Un dernier concert à domicile. Tri Yann a mis fin le 11 septembre dernier à 51 ans de présence sur scène. Un adieu émouvant pour un trio inséparable.

Ils sont venus de toute la France. Des fans avec plus de 250 concerts au compteur, des jeunes dont le groupe a bercé l’enfance et la vie. Au moment des adieux, il n’y a pas que la voix de Jean-Louis Jossic, l’un des « trois Jean », avec Jean Chocun et Jean-Paul Corbineau, qui se noue. Les larmes contredisent les sourires affichés. Sur scène, avec leurs invités et leurs compagnons de route, ils ont lancé un « au revoir » vibrant d’envie et d’énergie à leur public. « Il faut oublier que c’est la dernière fois, on veut essayer d’être parfaits », confie Jean-Louis Jossic juste avant cette dernière. 

« Il y a quelque chose qui ne s’explique pas, entre eux et moi »

« J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, souffle Louise, une étudiante rennaise. Tri Yann, c’est un peu sentimental. J’ai grandi avec eux. Ils transmettent une émotion juste incroyable ». « Dans tous leurs concerts, il y a quelque chose d’exceptionnel. Mais là, ils terminent chez eux, à Nantes, je n’arrive pas à trouver les mots », sourit Jérôme, 36 ans. Il a déjà participé à deux des cinq derniers concerts de cette folle dernière semaine sur scène pour Tri Yann. Il a pu acheter à la toute dernière minute un billet pour l’ultime spectacle. Il a juste eu le temps de faire les deux heures et demie de route qui séparent Nantes des Côtes d’Armor, où il est en vacances chez sa mère. « Depuis ce matin, j’y pensais à ce dernier concert, alors je n’ai pas hésité. Il y a quelque chose qui ne s’explique pas, entre eux et moi ». Il évoque « la musique, l’ambiance, un groupe toujours très proche de son public et abordable ».

Après le concert, Tri Yann ne déroge pas à la règle qu’il s’est fixée depuis plus de cinquante ans : aller à la rencontre des gens. Amélia attend Jean-Paul Corbineau, une jolie enveloppe ornée à la main. Elle veut la lui remettre en mains propres. « C’est mon chouchou, sourit-elle, les yeux humides. Je les aime, ils m’ont tellement apporté. Je me suis réfugiée dans leur musique depuis le décès de ma mère ». « On appréhende tout ça depuis un moment, mais tout s’est bien passé, se réjouit Jean-Paul Corbineau. 51 ans tous les trois, ce n’est pas rien. Tri Yann est un groupe de scène et à un moment, la scène va nous manquer », assure-t-il.

« On fait tout nous-même depuis tout le temps »

« C’est moi qui ai voulu siffler la fin du jeu, affirme Jean Chocun. Je suis au four et au moulin depuis toujours. On fait tout nous-mêmes depuis tout le temps. C’est énormément de boulot. Pour notre vie personnelle, ce n’est pas très équilibrant ». Tri Yann, qui détient le record de longévité d’un groupe français, décide d’arrêter la scène mais pas la musique. Un album est déjà fini à 60%. Un travail de studio qui « mobilise moins les énergies » des septuagénaires. « Tri Yann, pour moi, c’est une grande fierté, conclut Jean Chocun. On ne s’est jamais arrêté et surtout, on a gardé cette connivence pendant toutes ces années ».