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Ingrid Bœringer : l’art du livre

Au coeur de Vannes, Ingrid Boeringer conçoit quelques-uns des livres les plus merveilleux du monde. Elle est cheffe de fabrication. Un métier hors du commun.

ingrid bœringer

Il est des métiers que l’on ne soupçonne pas. On les devine, peut-être. Comme celui d’Ingrid Bœringer, installée à Vannes en plein coeur de ville. C’est de là qu’elle conçoit les plus beaux livres d’art du monde. Elle est cheffe de fabrication. C’est à elle que l’éditeur confie la mission de réaliser l’objet de ses rêves. « Mon métier, c’est de faire que les livres soient beaux. Quel que soit le livre », souligne-t-elle. En effet, si elle a conçu quelques-uns des plus beaux livres de ces dernières années – elle a reçu trois fois le prix de la Nuit du Livre en 2016, 2017 et 2022, elle oeuvre aussi pour la bande dessinée ou des livres moins complexes.

Le premier prix qu’elle a reçu a récompensé un ouvrage consacré à Nicolas de Staël. « Mon travail a été de corriger les images, donner les indications pour la photogravure. J’ai eu la chance de pouvoir travailler avec Gustave, le fils de Nicolas. C’était une caution très agréable : beaucoup de peintures sont dans des collections privées et il est difficile de les voir. » C’est elle qui va rencontrer l’imprimeur, le façonnier, le relieur, le papetier. « Mon travail est de m’assurer que la création graphique est techniquement réalisable, ou si il y a des complexités qui rendraient le travail compliqué et aboutiraient à des choses pas très esthétiques. »

Rendre accessible des œuvres qui ne le sont pas

Son atelier prend des allures de bibliothèque fantasmée de bibliophile. Elle a par exemple reproduit 800 vélins, des aquarelles naturalistes entreposées dans les archives du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Des originaux qui ne voient jamais la lumière du jour et qu’il a fallu reproduire à l’identique. Elle a également réalisé le fac-similé de la tapisserie de Bayeux. Un travail ahurissant où le livre se déplie sur trente mètres, comme un accordéon, afin de reproduire la tapisserie. Elle réalise aussi, à la demande de la Bibliothèque nationale de France, un fac-similé du livre d’heures de Jeanne de France. Un livre que la BNF avait acquis pour un million d’euros.

Ces ouvrages sont édités à neuf en 199 exemplaires. Ils intéressent non seulement les passionnés de bibliophilie, mais aussi les chercheurs. « Nous rendons accessibles des oeuvres qui ne le sont pas. Nous utilisons du papier d’archivage, ce qui signifie que dans cent ans, les livres seront toujours là. » Elle a passé six cents heures à rendre chaque nuance du livre d’heures de Jeanne de France. « Il était là tout le temps, au même titre qu’un de mes enfants. À chaque fois, c’est un vrai travail de recherche. J’ai besoin et envie d’être respectueuse de la création à partir de laquelle nous travaillons. »

Les bonnes adresses d’Ingrid Bœringer

J’aime aller chez Narcisse Coiffure. Il y a Eléonore, elle est toute seule. C’est un salon de coiffure complètement années soixante-dix, tout est chiné. C’est hyper sympa, au fond d’une boutique vintage qui s’appelle Nouveau Genre. C’est un salon qui utilise des produits naturels, Eléonore recycle les cheveux. Elle prend une seule personne à la fois, comme une coiffeuse à domicile.

La boutique Nouveau Genre est une adresse super pour les vêtements de seconde main. Les garçons adorent : il y a de vieux maillots de foot. Elle commence dans les années soixante-dix pour s’arrêter à la fin du vingtième siècle. Dans le domaine de la seconde main, j’aime aussi le Magasin Partage, derrière les halles. Ce sont des lieux qui font fonctionner les choses différemment. Chez 23h12, on trouve, en plus du côté vintage, des vêtements de créateurs uniquement made in France. Il y a un côté expo avec des petits cadres et des objets de déco très intéressants.

Pour les tisanes, les épices et quelques produits de beauté, je vais à L’Herboristerie. Ils sont sympathiques et de très bon conseil. C’est là que j’achète les fleurs de Bach que je trouve très utile pour gérer les émotions, ou même certaines épices.

Pour les parfums, j’adore l’échoppe de F.H. Le Rai Leroy Fragrances au pied de la cathédrale. Il a décliné une petite collection pour hommes et femmes. J’aime les petits formats de voyage, super pratiques.

Côté déco, j’aime aller chez Au Coeur du Temps. Ce sont des meubles retravaillés, valorisés. On trouve également de la vaisselle. Pour le pain, je vais chez Les Têtes de Meule. Ils font du pain au levain, à l’ancienne, à la coupe, des brioches… J’aime aussi les pains au sarrasin, à l’épeautre ou aux céréales. J’achète énormément de vrac au Verre Doseur. Ils sont de très bon conseil, valorisent le local et savent aiguiller sur le choix d’une graine plutôt qu’une autre pour rehausser une salade. Il y a aussi les produits ménagers en vrac, et des petits bonbons, des gâteaux… C’est le même principe aux Bocaux Garnis. Il y a également des plats préparés très sympas, des conserves, et aussi un coin produits de beauté.

Pour les produits frais, je vais au marché du samedi à Vannes les yeux fermés. Il y a des producteurs qui ont la particularité de proposer des fleurs comestibles qui mettent de la couleur dans l’assiette. J’y trouve aussi bien des herbes aromatiques que des légumes anciens. J’adore également le producteur de pommes et toutes ses variétés. Il y a le stand des Fleurs du Temps, je repars avec une belle botte de tournesols. Ce ne sont que des fleurs qu’elle produit, c’est assez champêtre. Il y a également des fleurs séchées.

J’aime aller grignoter avec mes enfants au Derrière, chez mes amies Cécile et Marie. C’est un burger pour eux et un plat aux saveurs asiatiques pour moi. Je vais également chez Comme à la Maison. On y trouve une cuisine de saison, une carte traditionnelle avec des inspirations méditerranéennes et pas mal de légumes.

Pour boire un verre, j’aime aller au Bref. C’est parfait au soleil couchant, en terrasse, sur les quais. Il y a du monde, c’est très vivant. Un peu plus caché, j’aime aller aux Belles d’Irus sur le sentier côtier à Arradon. C’est un ostréiculteur qui a ouvert au public en face de l’île d’Irus. Sinon, évidemment une douzaine d’huîtres chez Jégat, c’est toujours un bonheur.

Les adresses

Beauté/Bien-être

Narcisse Coiffure • 16 bis rue Francis Decker, Vannes

L’Herboristerie • 9 rue Thomas de Closmadeuc, Vannes

F.H. Le Rai Leroy Fragrances • 11 rue Saint-Guenhaël, Vannes

Mode

Nouveau Genre • 16 bis rue Francis Decker, Vannes

Magasin Partage • 4 bis rue Porte Poterne, Vannes

23h12 • 28 rue du Lieutenant-Colonel Maury, Vannes

Déco

Au Coeur du Temps • 24 rue Marcellin Berthelot (ZAC de Parc Lann), Vannes

Les Fleurs du Temps • Place des Lices, Vannes (pendant le marché)

Bien manger

Les Têtes de Meule • 8 place Maurice Marchais, Vannes

Le Verre Doseur • 5 place du Poids public, Vannes

Les Bocaux Garnis • 13 rue Saint-Nicolas, Vannes

Derrière • 2 rue Porte Poterne, Vannes

Comme à la Maison • 6 place du Général de Gaulle, Vannes

Bref • 8 rue du Commerce, Vannes

Belles d’Irus • Pen er men, Arradon

Maison Jégat • 18 allée de la Pointe, Arradon