Grain de Sail – Les voiles gonflées
Un cargo à voiles qui arrive les cales chargées sur un quai de Nantes. Ce n’est plus une image du passé. Grain de Sail vient d’effectuer sa première rotation transatlantique et a rapporté 33 tonnes de cacao depuis les Caraïbes et l’Amérique latine.
Il va falloir s’y habituer. Désormais, Grain de Sail fera deux rotations par an entre Saint-Nazaire et les Amériques. La première rotation – une première en hiver pour un voilier de charge depuis la fin de la marine marchande à voile – a eu lieu en février. En principe, le navire devait accoster et décharger à Saint-Nazaire. Mais une grève des dockers a poussé Grain de Sail à remonter la Loire. « La cargaison de cacao ne craint rien, il n’y a pas d’urgence. C’est la même chose quand on navigue. Quand il n’y a pas de vent, on se baigne, sourit Loïc Briand, 32 ans, commandant du navire. C’est ce côté aventure qui change des autres navigations : on arrivera quand le vent nous portera ».
Un monocoque de 24 mètres
Il a lui-même participé à la conception de ce navire construit chez Alumarine à Couëron. Un monocoque de 24 mètres qui possède une capacité de chargement de 50 tonnes en cale. Cette capacité d’emport ne semble gêner en rien le voilier.
« Juste avant d’arriver, nous avons eu 45, 60 noeuds de vent, des vagues jusqu’à 15 mètres. Ce sont des conditions dantesques où les cargos de 100 mètres ne tiennent pas tous les caps. Nous, si. On a atteint des vitesses effarantes avec des surfs à 22 noeuds et à aucun moment nous n’avons été en danger ».
Le navire a été construit pour la société Grain de Sail, dans le Finistère. Elle voulait pouvoir faire venir ses matières premières – le café et le cacao – via ce moyen de transport zéro carbone. « Nous venons de montrer que c’est possible, non seulement techniquement mais aussi économiquement. Il y a un surcoût que nous avons intégré dans notre business plan dès le départ. Nous l’estimons à 10 centimes par tablette de chocolat », détaille Stéfan Gallard, le directeur marketing. Après cette première boucle transatlantique, le succès est déjà là. « Le navire est grand sur le papier, mais en fait, il est déjà trop petit. Nous avons une très forte demande pour nos produits. Il faut que l’on puisse sortir un deuxième navire rapidement. Le prochain permettra d’emporter 300 tonnes ». Saint-Nazaire a été choisie comme port de débarquement pour ces marchandises labellisées bio. Mais la société ne va peut-être pas se concentrer uniquement sur les Amériques. Le jeune commandant rêve déjà de partir sur la route des épices.