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Rhum Amer, le second roman de Jean-Marie Biette

Jean-Marie Biette est journaliste et marin. Ou l’inverse. Pour ce second roman policier, il embarque ses lectrices et lecteurs au fil du parcours de la Route du Rhum. Une ambiance qu’il connaît par coeur et qu’il partage avec gourmandise.

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À quelques heures du départ de la Route du Rhum, un producteur de rhum guadeloupéen est assassiné. Il est à bord du monocoque de son fils qui participe à la course, entouré de signes vaudous antillais. L’enquête va passer par Saint-Malo, Madère et les Antilles. Voilà pour le cadre. Mais dans ce second volume des enquêtes du commissaire Rochard, Jean-Marie Biette ne nous embarque pas que dans une enquête policière. Il nous plonge dans des univers qu’il connaît par coeur : les lieux comme le milieu de la course au large. Ce membre émérite du Club Nautique Hoedicais assure préférer aux polars cliniques, où l’enquête prend toute la place, des récits où « l’enquête est au service de la description d’une ambiance, d’un milieu. »

« On y a tourné des séquences de Pirates des Caraïbes »

Et quoi de mieux, pour nous raconter vraiment l’ambiance du milieu de la voile, qu’un marin qui a connu la première édition de la Route du Rhum en 1978 ? « Il y a eu quasiment une soirée fondatrice, Loïck Peyron l’a avoué publiquement depuis. On a fermé les portes de Saint-Malo. Une fête qui a même un peu surpris les habitants : ils n’avaient pas compris ce que cette course allait être. » C’était l’époque « où les marins n’avaient pas le ventre plat ». Du pub l’Univers de Saint-Malo jusqu’en mer, on sent le vécu. Celui d’un marin qui raconte son arrivée aux Antilles alors qu’il convoie le bateau de Marc Pajot, à une époque où le GPS n’existe pas et où il faut demander aux cargos que l’on croise sa position exacte.

« Cela m’a permis de découvrir la Dominique. On y a débarqué le jour de la mort de John Lennon, un peu tristes. Nous avons été accueillis par des rastas qui ne savaient pas qui c’était. Ils nous parlaient de Bob Marley et de Peter Tosh », raconte-t-il. « J’ai une passion pour cette île, « la seule que Christophe Colomb reconnaîtrait ». Elle est merveilleusement préservée. On y a tourné des séquences de Pirates des Caraïbes. Ce sont autant de choses dont je parle dans ce roman. »

Une histoire qui sent bon les épices

Il parle aussi de cette rumeur récoltée au café Spoutnik à Porto Santo, près de Madère, selon laquelle Christophe Colomb aurait trouvé sur place une carte le menant en Amérique. « Il y a un vrai débat historique derrière cette histoire que j’ai entendue sur place, s’amuse-t-il. Cette enquête, c’est aussi un prétexte pour raconter tout ça. » La moitié du livre se passe aux Antilles. Elle sent bon les épices, le rhum à 59°. Le commissaire et enquêteur y découvre les délices de l’APCC (accras, punch, colombo de cabri) et le lecteur se régale de ce récit vivant et vécu.

Rhum Amer

Collection Empreintes,

Éditions Ouest France