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Ciné : La Brigade, rencontre avec Audrey Lamy et Louis-Julien Petit

Depuis toute petite, Cathy rêve de diriger son propre restaurant. Mais à quarante ans, rien ne s’est passé comme prévu et elle se retrouve contrainte d’accepter un poste de cantinière dans un foyer pour jeunes migrants. Son rêve semble encore s’éloigner… ou pas ? Jean-Jacques Lester a rencontré le réalisateur de La Brigade, Louis-Julien Petit, et l’actrice Audrey Lamy pour Action – Le Mag Ciné sur France Bleu Loire Océan.  Ils présentaient le film en avant-première au Gaumont de Nantes. 

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Audrey, au début du film, vous avez l’air préoccupé, pas bien…

Audrey Lamy : Cathy est une femme qui a un rêve et qui n’arrive pas à l’atteindre parce qu’on ne lui donne pas les cartes. Elle n’est pas comprise, elle n’est pas entendue. Elle est très solitaire et rebelle. Elle a également énormément d’ambition : elle veut monter son restaurant et décide de claquer la porte du restaurant dans lequel elle travaille. Elle se retrouve à accepter un poste de chef cantinière dans un foyer de réinsertion pour jeunes migrants. 

Louis-Julien Petit, ça vous vient d’où cette histoire ?

Louis-Julien Petit : Elle est née dans un foyer à Treignac (Corrèze), avec une vraie cuisinière. Elle s’appelle Catherine Grosjean et donne cours à des jeunes migrants. Chez elle, il y a 100% de réussite, 100% de diplômés, 100% de jeunes déjà employés avant leur diplôme. J’ai voulu mettre ma caméra à l’endroit où ces jeunes ont envie.

Tous les jeunes que l’on voit dans le film sont des jeunes migrants ?

L.-J.P. : Ce sont des réfugiés. Migrants, c’est quand on est dans le parcours migratoire. Réfugiés, c’est quand on est arrivé. On a casté trois cents jeunes, une centaine a suivi des ateliers théâtre et une cinquantaine joue dans le film. Sa particularité, c’est qu’on a tourné dans la continuité, dans l’ordre du scénario. Les jeunes ne l’avaient pas donc ils ont découvert les scènes au fur et à mesure, et c’était assez fou. Je voulais conserver leur sincérité et leur authenticité. Tourner dans la continuité donne des séquences plutôt belles et réussies, je pense.

La Brigade, ce n’est pas seulement un film sur la cuisine, c’est aussi un film sur l’envie, la rencontre… 

L.-J.P. : Il parle justement de ça, des solutions d’intégration. C’est, je crois, une proposition positive face aux discours radicaux que l’on peut entendre. Le film propose cette rencontre avec des jeunes par la formation, la transmission de la cuisine. Cela révèle chez eux les souvenirs, la famille, ce qu’on a reçu et ce qu’on va transmettre et devenir. Ça devient fou !

Surtout avec une promesse de comédie… C’est une rencontre entre deux mondes, entre une personnalité autocentrée et ce monde qui est à des milliards d’années-lumière d’elle. Comment qualifier cette expérience, Audrey ?

A.L. : C’était génial parce qu’ils étaient heureux d’être là. Ils avaient envie de raconter leur histoire, ils l’ont vraiment mise au service du film. On s’est énormément soutenu. Après, on dit acteur professionnel, non professionnel… Louis-Julien dit une chose très juste : « Quand on a une caméra devant soi, on devient acteur. » Et c’est vrai, je n’avais pas l’impression qu’il y avait une différence, bien au contraire ! Ils nous ont mis la pression parce qu’ils étaient bons ! Il y avait toute cette fraîcheur, cette vérité, et vous, en tant qu’acteur, quand vous recevez comme ça un dialogue aussi frais, c’est une belle leçon.

Et puis, il y a eu tout ce qui s’est passé hors caméra. Les liens qu’on a tissés, les rencontres, les échanges, le partage qu’on voit dans le film et qui ont aussi fortement existé en dehors.

La cuisine prend tout son sens quand vous inventez une émission de télé au sein de votre film !

L.-J.P. : C’est la partie jubilatoire, mais je crois qu’au fond, ce n’est pas un film sur la cuisine. Cela va au-delà. Audrey a passé six mois en cuisine à travailler, à apprendre la technicité mais aussi ce que c’est qu’une brigade. On n’est pas chef tout seul. On est chef avec une équipe comme on est réalisateur avec une équipe. Mais elle a surtout appris les madeleines de Proust, les choses émotionnelles, ce qui fait qu’on devient chef. On n’est pas chef par hasard. C’est surtout un film sur la transmission de cet amour, de cette passion. Le film rend hommage à l’essence de la naissance d’une passion.

A.L. : Cathy, elle a envie de transmettre. Et eux, ils ont envie d’apprendre et ils sont motivés. Je trouve que là où Louis-Julien a tapé vraiment dans le mille, c’est qu’il a traité un sujet très sérieux en y mettant beaucoup d’humour, d’humanité et d’amour. Il a réussi à trouver l’équilibre. On raconte une vraie histoire, sur une problématique qui existe, mais en même temps, on la raconte comme eux aussi ont envie qu’on la raconte. Ils ont envie qu’on garde espoir, qu’on trouve des solutions positives et qu’on sorte de cette salle en ayant envie de partager et de discuter.

En salle depuis le 23 mars