Puberté précoce
Une récente étude de l’université de Berkeley (Californie) a récemment montré un lien entre l’utilisation de cosmétiques et une puberté précoce chez les petites filles. Mais les choses sont-elles vraiment aussi simples ?
Phtalates, parabens, phénols… Tous ces composants chimiques présents dans les cosmétiques sont souvent montrés du doigt. Mais ont-ils des répercussions sur nos enfants ? C’est la question que se sont posée les chercheurs de Berkeley. Pour eux, la réponse est claire : yes, of course ! Ils ont suivi 338 enfants de milieux défavorisés, depuis le ventre de leur mère jusqu’à leur adolescence, en réalisant des tests d’urine. Le constat est sans appel : à chaque fois que la concentration de phtalates dans l’urine des mères enceintes double, leurs filles ont des poils pubiens en moyenne 1,3 mois plus tôt. Et à chaque doublement des concentrations de triclosan dans l’urine des mères, la menstruation des filles commence un mois plus tôt. La moitié des jeunes filles de l’étude ont eu leurs premières règles à 10,3 ans, là où l’âge moyen se situe autour de 12 ans.
Un peu de nuance s’impose
Des résultats que nuance le docteur Nathalie Raguideau, pédiatre à la clinique nantaise Jules Verne, qui voit en consultation des fillettes au développement précoce.
« Il n’y a aucune certitude sur la nocivité d’un facteur plutôt qu’un autre. Et ces facteurs sont nombreux : pollution, surpoids, peinture, cosmétiques, mais aussi des facteurs génétiques. Il reste encore beaucoup d’interrogations et de nombreuses études sont encore en cours. »
Même conclusion pour Éliane Couteau et Laurence Coiffard, qui enseignent toutes les deux à la faculté de pharmacie de Nantes, sur leur site Regard sur les cosmétiques : « Pointer du doigt un seul et unique coupable, à savoir « le cosmétique », relève d’une démarche absurde. Une étude montre par exemple que les consommatrices de viande voient l’âge de leurs premières règles avancer de 6 mois. »
Quand on sait que même l’éventualité d’une puberté précoce selon le genre n’est pas démontrée… « Dans mes consultations, je vois plus de petites filles que de petits garçons. Pourquoi ? On ne le sait pas. » Conclusion : restons modérés !