À la rencontre de

Franck Louvrier – « Vivre au pays des vacances ». Rencontre.

Le nouveau maire de La Baule a des ambitions pour sa ville. Il veut accompagner un changement qui se dessine : passer de station balnéaire à ville à la mer. Comprendre : La Baule, c’est bien toute l’année. Rencontre. 

Une ville à la mer, c’est ce que vous voulez pour La Baule. Ça veut dire quoi ? 

C’est une « ville jardin » au bord de l’océan. Un cadre unique entre la plus belle plage d’Europe d’un côté, et la dune et la forêt d’Escoublac de l’autre. Une ville vraiment verte et un cadre de vie à forte attractivité pour ceux qui veulent quitter les grands centres urbains, synonyme de calme, de sérénité et d’élégance. Nous avons vraiment besoin de passer à une autre échelle. Cette ville a des atouts insuffisamment révélés. Il est important d’en faire la promotion la plus large possible. 

Pourquoi prendre cette direction ?

D’abord parce que de plus en plus de gens font le choix de la qualité de vie et veulent vivre au pays des vacances. Et puis, la saison estivale s’est réduite. Il y a là un enjeu économique. Il faut rassembler de plus en plus de monde. La Baule en a les capacités, elle a les capacités d’accueillir, de maîtriser l’afflux de population. C’est une ville capable de passer de 17 000 habitants l’hiver à 180 000 l’été. 

Quelles villes sont vos sources d’inspiration dans cette mutation ? 

Je pense à Saint-Malo, San Francisco, Arcachon… Elles sont à proximité de centres urbains importants et ont, d’une façon ou d’une autre, créé une sorte d’autonomie, économique et touristique. 

L’environnement de La Baule est-il propice à ce développement ?

Sans les villes voisines, La Baule n’existe pas. Nous ne sommes pas sur une île déserte face à l’océan Atlantique. Il y a la proximité économique de Saint-Nazaire, la biodiversité des marais, la métropole de Nantes et Paris à moins de trois heures en TGV. Tout cela fait que La Baule coche plusieurs cases. 

Le contexte sanitaire que nous affrontons depuis 2020 accélère-t-il les choses ? 

Le phénomène n’a fait que s’amplifier depuis la fin du premier confinement. Il y a un vrai renversement de tendance. On vient de Paris, mais aussi de Nantes ou de Rennes. On garde un petit pied-à-terre dans un centre urbain contre un domicile plus important ici. Toute cette population a fait le choix de la qualité de vie. 

©Pascal Kyriazis
Comment accompagner ce développement ?

Ce sont plusieurs choses concrètes : le développement de vélo en libre-service, d’une maison de santé, ou le fait de mettre en place une politique assumée de vidéo-protection. C’est aussi prendre en compte la nécessité de créer de nouvelles crèches. Il y a quelques années, on fermait des écoles. Là, on rouvre des classes. 

Est-il possible de télétravailler dans de bonnes conditions à La Baule ?

Nous allons être totalement « fibré » d’ici l’été. C’est important. Un espace de coworking se développe aussi à la gare et permettra aux gens de travailler ici. 

L’attrait de La Baule ne se dément pas. Les prix continuent d’augmenter. Quel regard portez-vous sur ce phénomène ?

Il y a évidemment un vrai effet côte ouest. Le prix du mètre carré est très élevé à La Baule, et c’est une situation compliquée pour les jeunes ménages qui veulent s’installer. Il y a un signe : nous avons à ouvrir plus de classes de primaires que de maternelles. Cela veut dire que nous accueillons davantage de populations de trentenaires ou de quadra. 

Comment inciter ces jeunes ménages à rester à La Baule ?

Dès qu’il y a des possibilités de proposer des logements aux jeunes ménages, on le fait, en suivant les impératifs de la loi SRU. C’est ce qui se passe dans le quartier en pleine expansion du Guézy : plus de deux cents logements seront livrés dans les prochaines semaines. Il faut trouver un équilibre entre nos résidents secondaires et ceux qui vivent ici à l’année, entre les personnes âgées et les nouvelles générations. C’est indispensable. 

Trois mots pour résumer votre ambition pour La Baule ? 

Préserver l’art de vivre, en faire une ville de référence, avoir de l’audace. L’audace, c’est important.  

Le réaménagement du front de mer est-il d’actualité ?

C’est un projet très ambitieux, plus que jamais d’actualité. Nous voulons mettre en place une navette électrique autonome pour protéger cet environnement. Le front de mer doit devenir une vraie promenade de mer. C’est un projet de très grande ampleur qui va s’étendre sur au moins deux mandats. C’est la vitrine, la carte d’identité de la ville. 

Comment cet espace va-t-il se transformer ?

Il est aujourd’hui inadapté, obsolète. Il faut laisser plus de place aux voies douces, aux vélos, aux joggeurs, aux sportifs, aux promeneurs. Cela passera notamment par de nouvelles technologies en matière d’éclairage et des voies plus silencieuses. Et puis, nous pouvons envisager de planter des arbres sur la plage. Elle mérite plus de végétalisation. Avec le réchauffement climatique, il y a un besoin de zones de verdure, de zones ombragées.

Le char à voile a fait son retour sur la plage. C’est un signe ? On la redynamise ?

C’est très important. C’était une pratique exercée il y a bien longtemps et qui a été interdite pour des raisons qui n’ont pas lieu d’être. Elle permet de se réapproprier la plage toute l’année et de proposer une offre accessible et originale, notamment en matière d’événementiel. 

Comment concilier animations pour les jeunes et préservation de la tranquillité ?

C’est un équilibre compliqué. On a redoublé d’efforts pour essayer, dans le contexte sanitaire actuel, de faire revivre certains événements estivaux. Au parc des Dryades, par exemple : nous allons couvrir la scène, accueillir des concerts, des manifestations culturelles et artistiques. Nous proposerons aussi d’autres manifestations sur la page : la Tournée Bpifrance, une exposition photo hors les murs… Il y aura aussi des nocturnes autour du marché, une proposition très agréable qui fait plaisir à tout le monde. La ligne directrice des animations à La Baule, c’est qu’elles doivent concerner toutes les générations.