Robes de mariée

Robe de mariées : À la recherche du « moi idéal »

Martine Lambert est couturière-modéliste. Après avoir travaillé pendant des années auprès de créateurs de robes de mariée, elle est passée de l’autre côté du miroir en devenant propriétaire d’Espace Mariée. Elle propose aujourd’hui des robes de créateurs, mais aussi un regard pointu aux futures mariées qui poussent sa porte. Rencontre. 

Quelles sont les principales tendances qui se dégagent aujourd’hui ?

L’heure est à la tendance « princesse », qui revient en force. Ce sont des robes avec des manches longues, des broderies en transparence qui donnent un léger effet tatouage. L’autre grande tendance, qui s’éloigne franchement de la première, ce sont les robes « nature » : des jupes fluides, des tops pas encombrants. La mariée n’est pas engoncée ni corsetée. Ce sont des dos nu avec des épaules un peu couvertes, des robes faciles à vivre. Et puis, il y a également des robes qui en dévoilent un peu plus. Ce sont des décolletés vertigineux, des dos plongeant… des robes complètement décomplexées. Elles seront assorties d’une étole pour le mariage religieux. Mais les mariées, qui ont en général entre vingt-huit et quarante ans, vont vite la retirer, une fois que la fête aura commencé.

La robe de mariée, selon vous, ce n’est pas une simple robe ?

La robe de mariée correspond à une attente psycho-affective. Il y a d’abord une attente sociétale, très reliée à l’éducation et aux liens aux autres. Mais cela englobe aussi une projection de soi, ce jour-là, dans un « moi idéal ». C’est une image qui n’existe pas dans la vie réelle, mais qui correspond à ce que l’on a envie de présenter. 

©Pascal Kyriazis

Est-il facile d’exprimer ce désir quand on entre dans une boutique de robes de mariée ?

Non, et c’est justement pour cela qu’il faut installer une relation de confiance avec la future mariée. Il faut qu’elle se sente à l’aise.

Que vient-on chercher ce jour-là ?

Les filles veulent du rêve. Elles sont en train de réaliser leur rêve mais il n’est souvent pas très défini. Mais cette fameuse image non plus, elle n’est pas forcément définie. C’est tout l’intérêt de mon travail. 

Votre métier, c’est donc d’accompagner ces désirs secrets ?

Chaque essayage est différent. Il y a des femmes qui entrent sans idée préconçue. On discute un peu, elles essayent deux ou trois robes et là, souvent, c’est le coup de foudre, le gros crush. Il y a aussi des femmes à qui j’ai envie de faire essayer des choses auxquelles elles ne s’attendaient pas et qui se découvrent réellement ce jour-là. Ces essais sont toujours très surprenants. C’est parfois le cas pour des femmes qui ne portent jamais de robe, qui sont toujours en jean-baskets et qui se découvrent une féminité, une silhouette qu’elles ont envie de mettre en avant, une image qu’elles n’avaient jamais envisagée chez elle. C’est très touchant, ce sont des moments où on est dans quelque chose de très intime.

Quelles sont les inspirations des futures mariées ?

C’est tout un ensemble de paramètres. Cela peut être des « influenceuses » du Web, mais pour d’autres, ce sera des références familiales ou historiques. Il y a aussi des femmes qui ont déjà un vécu et qui savent vraiment ce qu’elles veulent, ou encore d’autres qui viennent entre copines et là, c’est le gros fun. 

Vous êtes couturière-modéliste de formation, pourquoi ne proposez-vous pas vos propres créations ?

Je trouve plus démocratique de proposer des modèles de créateurs conçus dans des ateliers où j’ai eu l’expérience de travailler. Ce sont des modèles réalisés avec des prototypes, des modèles réfléchis qui sont mis au point, optimisés et qui dégagent vraiment quelque chose. Derrière ces robes, il y a un travail énorme. C’est ce que je trouve intéressant : chaque dentelle, chaque tissu a été discuté au sein des ateliers. En revanche, je suis tout à fait capable de rajouter des manches sur des modèles qui n’en ont pas et de retoucher un décolleté…

Cela veut dire également que vous vous adressez à tout le monde…

La création, la couture, ne correspondent pas à tout le monde. Moi, j’ai envie de vendre des robes de mariée qui sont belles et raisonnablement accessibles. Au quotidien, pour moi, c’est aussi très agréable de pouvoir discuter et de recevoir des clientes de tous les univers de la société. 

Pour autant, chaque robe est retouchée avant d’être livrée…

C’est ce qu’on appelle de la semi-mesure. Et une fois que la robe arrive à la bonne taille, il y a une mise à la silhouette qui est faite ici. Je travaille main dans la main avec une retoucheuse.

Comment décririez-vous l’ambiance de votre boutique ?

J’ai essayé de conserver l’ambiance que j’ai trouvée ici en arrivant. Je ne sais pas trop comment la définir, je dirais qu’il y a peut-être un esprit « vieille France ». Et il y a quelque chose de rassurant, une ambiance un peu impalpable dans cette boutique inspirée d’une architecture maritime. La ville de Nantes a toujours été la ville du brassage culturel. Ça me convient parfaitement. Toutes les mariées, quelles que soient leurs religions, sont les bienvenues ici et elles le savent.


Espace Mariée

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