Découverte des tendances

Breizhspadrille

Caroline Zighera a lancé à la fin de l’été une marque d’espadrilles… bretonnes. Ces espadrilles originales brodées pour hommes et femmes sont créées à Vannes et fabriquées au Pays basque. Le pari est de convertir les tenants du casual chic à ces chaussures indémodables. Rencontre. 

Des espadrilles en Bretagne… Pourquoi ?

Et pourquoi pas ? J’ai vécu pendant vingt-et-un ans au Pays basque, je suis arrivée ici il y a un an et je me suis demandé ce que je pouvais apporter aux Bretons. L’idée de l’espadrille est venue tout naturellement. 

Des espadrilles produites en France. C’est important pour vous ? 

Absolument. Je voulais un produit 100% français. Tout est fabriqué à Mauléon, au Pays basque, et le fil est teint et tissé à Nay. Il faut aujourd’hui valoriser cet artisanat si on ne veut pas qu’il disparaisse. Au-delà de cet aspect, il y aussi l’idée de se pencher sur les conséquences écologiques de chacun de nos gestes. Je pense qu’en matière de bilan carbone, il vaut mieux une espadrille du Pays basque que de Chine ou d’Inde. C’est moins cher de produire dans ces pays-là, mais je pense qu’aujourd’hui, les gens sont suffisamment conscients des enjeux pour être capable d’investir un peu plus. 

 

Cela veut dire que l’espadrille telle que vous la mettez en avant à un prix…

En grande surface, une espadrille super basique produite en Asie vaut entre 8 et 12 euros, une espadrille brute dans un commerce français est vendue aux alentours de 20 euros. Mais il n’y a là aucune valeur ajoutée en termes de création. Les miennes sont brodées. Je suis dans le haut de gamme, c’est mon souhait, même si je ne veux pas être élitiste. Un prix de vente à 49 euros, c’est un choix, celui de la qualité, du temps de fabrication.

Quelles sont les étapes nécessaires à la création d’une paire de vos espadrilles ?

C’est un assemblage. Une semelle en corde de chanvre et une semelle en caoutchouc. Ensuite, on découpe les morceaux de tissu. Les pièces correspondant à l’avant de l’espadrille sont envoyées à la broderie. Une fois revenues, elles sont assemblées avec les pièces arrière et le tout est cousu sur la semelle vulcanisée. 

Pourquoi pensez-vous qu’un tel produit a sa place en Bretagne ?

Il y a ici une façon de vivre, un côté casual chic de la mode qui correspond bien à l’espadrille. Je l’ai personnalisée avec un indice breton fort : le Gwenn Ha Du. J’ai retravaillé le noir et le blanc, et l’hermine, pour les rendre graphiques. L’espadrille n’est pas simplement une mule qu’on enfile. Elle accompagne une tenue de mariage, une tenue de soirée. Elle s’adapte vraiment à beaucoup de situations. Je n’ai d’ailleurs pas renoncé à convaincre les marins que c’est une chaussure dans laquelle on peut être à l’aise à bord d’un bateau.