La pierre précieuse entre en scène – Raphaël Griffon la met en lumière
Plus qu’une histoire, c’est une aventure. Celle de la tsavorite. Une pierre précieuse plus rare que le saphir, plus pure que l’émeraude et totalement inconnue du grand public. Le joaillier et gemmologue nantais est allé la traquer jusqu’au fond de la mine, au Kenya. Il en a fait un film, « Le trésor du Tsavo ».
Ce film, comme cette pierre, méritait bien un écrin. C’est le théâtre Graslin. Pour accompagner la sortie de ce projet au long cours, Raphaël Griffon voulait casser les codes. Sortir la pierre précieuse de son coffre-fort pour l’exposer en pleine lumière, sous les feux des projecteurs, un peu à l’image de ce qui se pratique au quotidien dans son atelier ouvert sur la rue. « Dans le domaine de la joaillerie, tout est secret, tout est caché. Il n’y a pas de raison, assure-t-il. Ce métier intéresse les gens. Il faut leur montrer. C’est comme ça qu’on va faire passer le message que notre savoir-faire et nos œuvres ne sont pas si élitistes. » C’est cette philosophie qu’il pratique au quotidien.
Les passants peuvent le voir, ainsi que ses collaborateurs, manier le chalumeau, la lime et le microscope au travers de la belle verrière qui donne sur la cathédrale et la préfecture. Une idée qu’il a reprise et magnifiée lors de cette soirée à l’opéra. On y découvre non seulement une parure unique en tsavorite, portée par un mannequin habillé par le Nantais Alfredo Vaez, mais aussi une pierre être taillée en direct et en public par Jacques Le Quéré, un spécialiste mondialement reconnu. Du jamais-vu. « C’est un moment que j’espère être à la hauteur de ce film, de cette pierre et de celui qui l’a découverte », sourit le joaillier. En 2006, au Sénat, il a pu rencontrer Campbell Bridges, qui a mis au jour la tsavorite en 1967 en Tanzanie. Le projet naît dans la foulée mais Campbell Bridges est assassiné trois ans plus tard au sein de sa mine.
« Je n’ai jamais lâché l’idée. Je voulais y aller, voir cette maison dans les arbres construite pour se protéger des animaux – qui est mythique parmi les gemmologues, mais, surtout, je voulais descendre au fond de la mine, décrire une autre réalité que celle souvent dépeinte. Des mineurs qui travaillent dur mais qui sont en sécurité et payés dignement. »
Le Nantais passe des jours à cent cinquante mètres de fond, pose la dynamite, casse les cailloux, mange avec les mineurs. « C’est là où j’adore être. Proche du Saint-Graal, de la pierre parfaite. Tu sais qu’elle est là, mais tu ne sais pas où. Et puis, connaître la pierre depuis sa mise au jour, ça permet de vraiment donner du sens quand on crée un bijou. » Bruce Bridges, le fils de Campbell Bridges, vient spécialement des États-Unis, et sa maman du Kenya, pour découvrir le film. « Faire cette soirée, là, à l’opéra… Tout le monde m’a dit que c’était fou. J’ai donc décidé que c’était ce qu’il fallait faire, s’amuse-t-il. J’ai rassemblé des partenaires, BNP Banque Privée, Jaguar Land Rover, IGAM, Barnes, Angers Nantes Opéra, Suffren Numismatique, Mumm, l’imprimeur Maya et les vêtements pour homme Reza. Tout le monde a suivi. C’est un vrai bonheur après trois ans de tournage et de montage ».
Autour du film
Raphaël Griffon, accompagné du photographe Louis Brunet, est parti filmer la Scorpion Mine, au coeur de la brousse africaine du Kenya, en 2015. Le film nécessitera de longs mois de montage. La musique a été offerte par Étienne Perruchon, compisteur fétiche de Patrice Leconte, qui a été séduit par le projet.
La parure est composée de grenats tsavoritàe en forme de poire, soulignés de 499 diamants.