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Mode : Maison Kouakou, racines modernes

Irelle Kouakou crée sa griffe de haute couture, Maison Kouakou. Dans son atelier vannetais, elle rassemble le meilleur du luxe français et des savoir-faire baoulé, le peuple de Côte d’Ivoire dont elle porte l’histoire. Un mélange moderne et osé.

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« On a envie de retrouver nos collections dans des films, des clips. Je rêve de voir nos vêtements éthiques et responsables sur le tapis rouge de Cannes. » Irelle Kouakou voit les choses en grand. Son ambition, c’est de positionner sa griffe, Maison Kouakou, dans l’univers de la haute couture. « Produire du milieu de gamme, en France, c’est très compliqué. Cela veut dire continuer de travailler avec l’Asie, le Maroc ou l’Europe du Sud. Mais cela veut dire aussi produire beaucoup. On ne peut pas faire de collections capsules en milieu de gamme. Notre prochaine collection aura trente-six pièces. C’est ce que l’on veut faire : des pièces uniques. Du Net-à-Porter (site de vente d’articles de luxe, NDLR) en très petite quantité. »

Dans l’atelier, Irelle est accompagnée de deux couturières. Chaque pièce est minutieusement pensée, les détails ajustés. « Nous apportons beaucoup de soins à la coupe, aux finitions. Il y a énormément de travail réalisé à la main pour arriver exactement au résultat souhaité. C’est ce savoir-faire qu’on veut mettre en avant dans notre manière de travailler. » Un savoir-faire et une identité. Avec sa griffe, Irelle veut créer un pont. Raconter un peu son histoire. « On fait une fusion entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, la culture baoulé et ce qu’elle représente. »

Des vêtements, pour raconter une histoire

Cet esprit venu de Côte d’Ivoire ne passe pas forcément par le tissu. « Il y a par exemple le poids baoulé, qui sert de monnaie d’échange mais aussi à raconter l’histoire de chaque famille. Chaque poids a sa forme, sa signification. Ils racontent si on est roi, si on vient d’une famille de marchands, si on a perdu des enfants, explique la créatrice. Elle utilise, ou plutôt, réutilise aussi une autre matière : le rafia qui, travaillé, sert à créer des pagnes. « J’ai rencontré en Afrique des tisserands qui ont encore de très vieux pagnes en leur possession. La fast fashion existe en Afrique et une partie de leur travail est mis de côté. Nous les récupérons. Redonner vie à ces anciennes ressources correspond aussi aux valeurs de Maison Kouakou. »

Dans l’atelier, les deux cultures se rencontrent. Les tissus récupérés auprès de grands groupes de luxe comme Louis Vuitton ou Stella McCartney s’associent aux matières africaines. Un esprit naît. Mais les ressources de base étant limitées, la production s’adapte. « La nouvelle collection comprend cinq pièces différentes avec, pour chacune d’entre elles, entre cinq et huit modèles disponibles. Nous allons ainsi produire cinq jupes ou huit manteaux. Et c’est tout. » Des modèles qui seront donc plus qu’exclusif et qui racontent bien le parti pris d’Irelle : des vêtements pour des personnes singulières, fabriquées à mesure. « Ces vêtements racontent notre histoire, nos valeurs. Porter un vêtement, pour moi, c’est déjà faire de la politique au travers de l’image qu’on renvoie. »

Instagram : @maisonkouakou

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