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Ubac : la basket toutes voiles dehors

Ubac, la marque de baskets française qui n’a pas de conséquences désastreuses sur l’environnement, franchit une nouvelle étape. Elle a commencé à transporter ses chaussures à la voile depuis le Portugal. Rencontre avec Mathilde Blettery, co-fondatrice d’Ubac.

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer cette marque ?

Je voulais devenir avocate, défendre des causes. L’environnement me tenait à coeur. Mon compagnon, Simon, m’a convaincue qu’entreprendre était un très bon moyen de changer les choses à son niveau. Il m’a embarqué dans son histoire.

L’histoire, c’est de créer une basket en laine. Pourquoi cette matière ?

Toutes les baskets se ressemblaient un peu. Elles sont soit en cuir, soit en plastique, en général. Le plastique est très polluant, nous avions envie d’utiliser une matière naturelle à faible impact.

Vous aviez l’expérience de cette matière ?

Simon avait créé un concept store éphémère de produits à base de laine fabriqués localement. Nous avons adoré cette matière noble. Après, ça a été beaucoup de travail. Déjà, nous avons appris que la laine de mérinos pouvait être problématique, qu’il y avait des scandales autour. Au niveau de l’impact, ce n’est pas terrible. Dans le Tarn, nous avons rencontré une entreprise avec un savoir-faire très intéressant : ils recyclent la laine. C’est-à-dire qu’ils « défibrent » les pulls, classent les fibres par couleur sans qu’il y ait besoin de les reteindre.

C’est une matière peu courante pour une chaussure…

On a tous l’image de la laine qui se déforme et qui prend l’eau. Mais nous avons développé un tissage avec un tisseur du Tarn, à quelques kilomètres du lieu de recyclage. Ce tissage très dense ne se déforme pas et ne bouloche pas. Il y a un traitement déperlant qui fait que non seulement la basket supporte très bien une averse mais qu’elle sèche très vite. Depuis quatre ans, nos clients peuvent attester de la qualité de notre tissage et de sa durabilité.

Quels sont les atouts d’uns chaussure en laine ?

Elle est très légère. Très confortable, aussi. La laine est naturellement anti-bactérienne et respirante. Il y a moins d’odeurs que dans une chaussure en plastique.

Vous avez choisi une fabrication essentiellement française et européenne ?

Nous sommes les seuls à faire de la laine recyclée en circuit court. Il y a quelques baskets sur le marché, fabriquées en Europe, mais il faut savoir d’où viennent les composants comme les tiges. Souvent, on se contente d’assembler les chaussures en Europe. Chez nous, tout est fabriqué au Portugal, dans un rayon de cent kilomètres autour de l’atelier. Il y a une vraie volonté de sourcing local, des composants à la fabrication.

Pourquoi avoir choisi de transporter ces chaussures par bateau à voiles ?

Pour aller au bout de la démarche. Nous souhaitions nous associer à Blue Schooner Company, un armateur qui propose de transporter la marchandise à la voile. Aujourd’hui, les quantités sont minimes. Mais, petit à petit, nous espérons faire passer une part significative de notre production par les cales d’un bateau à voiles.

Vous travaillez sur de nouvelles matières naturelles ?

Absolument : le lin et le chanvre. Le lin français est un combat dans lequel on a envie de s’engager. C’est une matière naturelle produite en France sans pesticide et qui n’est pas gourmande en eau. Ce sont les mêmes propriétés que le chanvre, qui est une plante cousine. Des projets sont en train d’aboutir, mais il reste des freins. Par exemple, on ne sait plus tisser le chanvre en France. Il faut se réapproprier ce savoir-faire. Il y a toute une filière à mettre en place.