Plongée au coeur
Anaïs Denet a couvert l’« affaire Troadec » pour RMC et BFM. C’était le premier fait divers de la jeune journaliste tout juste arrivée dans l’Ouest. De cette expérience éreintante et hors du commun, elle a tiré un livre. Rencontre.
C’était sa première affaire. Son premier « fait div’ ». La famille Troadec a disparu. Police et journalistes cherchent pendant des jours avant que la vérité n’éclate : ils ont tous été tués la même nuit dans leur pavillon d’Orvault. L’auteur présumé, Hubert Caouissin, un membre de la famille, a ensuite ramené les corps dans sa ferme du bout du Finistère pour les faire disparaître. Pendant chaque minute de cette enquête, Anaïs Denet a arpenté le terrain. « Je me suis mise à fond dans l’affaire sans protéger ma vie privée. Je me levais la nuit parce que j’étais persuadée d’avoir trouvé une piste. J’ai été happée. » Happée, au point de ne plus donner de nouvelles à son compagnon, de passer quinze jours de suite à Brest. Happée et sous pression. L’affaire est énorme, avec un retentissement national. Il faut être dans le tempo, nourrir ses deux rédactions. « Dans cette affaire, il y a un élément nouveau chaque jour : la voiture retrouvée, les affaires disséminées… J’étais sur le terrain, je suivais le rythme. » Mais le fait divers, c’est une spécialité du journalisme. Ça ne s’improvise pas. On fait appel, quand éclate une affaire de ce type, aux connaissances, au réseau, aux relations qu’on a tissées dans le temps, au fil des années.