Panorama : des baskets faites de pommes et de plastique recyclé
Trente ans d’écart mais une envie commune : transformer le monde de la basket pour la planète. William Lambert et Stéphane Rault viennent de lancer Panorama, une marque nantaise de chaussures faites à partir de pommes et de plastiques recyclés. Un joli tour d’horizon de la mode responsable, avec William Lambert.
Panorama, c’est avant tout l’histoire d’une rencontre entre deux générations ?
C’est complètement ça. En 2018, j’ai intégré l’équipe marketing de la marque de Stéphane : Ippon Vintage. À ses côtés, j’ai vite compris que je ne savais pas comment étaient fabriquées les baskets dans mon placard. Ça m’a donné envie de changer ma consommation à titre personnel, mais difficile de trouver de bons produits au niveau des baskets. Le premier confinement m’a fait réaliser que je souhaitais créer un produit mode responsable et éthique, donc j’en ai parlé à Stéphane.
C’est de cette manière qu’est née la marque Panorama ?
Exactement. On vient de deux générations différentes mais on a des valeurs et des ambitions communes concernant la consommation de la mode et son impact. Stéphane a trente ans d’expérience dans le secteur de la chaussure, de mon côté j’ai toujours beaucoup aimé les baskets, il nous a donc paru évident de lancer ce projet ensemble. On voulait proposer notre vision de la basket éthique, responsable et stylée, d’où le nom Panorama. On a créé une campagne Ulule pour avoir un financement éthique, et un mois et demi plus tard, on a pu se lancer.
Vos baskets sont fabriquées à base de pommes et de plastiques recyclés. Comment peut-on créer une chaussure à partir de ces matières ?
L’extérieur de la basket est fait à partir d’Apple Skin. Il s’agit d’une matière créée à partir de déchets de pommes broyés puis mélangés avec d’autres matières, comme le coton, qui créent une pâte de cuir vegan avec les mêmes caractéristiques que le cuir animal.
C’est pour cela que chacune de vos collections porte le nom d’une pomme…
Exactement, la collection Diva est faite à base de déchets de pomme Diva, et c’est pareil pour chaque collection. Pour ce qui est du reste de la basket, l’intérieur de la chaussure et les lacets sont faits de Seaqual, un fil reconstitué à partir de bouteilles en plastique repêchées en mer. Quant à la semelle, elle est faite uniquement de caoutchouc : naturel, recyclé et synthétique. Choisir ces alternatives nous permet de proposer des baskets à l’impact environnemental limité, sans mettre de côté le design.
Au-delà des matières premières, la production est-elle aussi européenne ?
Oui, nous fabriquons les baskets au Portugal. Les matières premières sont directement envoyées dans l’atelier de notre producteur, pour la découpe, la piqûre et l’assemblage des baskets. Nous avons visité l’atelier en août 2020 pour vérifier s’il correspondait bien à nos attentes sur les conditions salariales, par exemple, et c’était ce que nous recherchions : un atelier artisanal et familial.
Vous arrivez à proposer vos baskets entre 109 et 139 euros, comment faites-vous ?
Nous avions la volonté de rendre la chaussure accessible pour le plus grand nombre. On a donc défini un prix juste qui correspondait à notre démarche éthique et sociale. Nos producteurs sont bien rémunérés, c’est important pour nous. On fait moins de quantité, mais on fait mieux.
Est-ce que cela veut dire que vos collections sont des séries limitées ?
On produit en fonction des précommandes seulement, pour coller au maximum à une production en flux tendu. On a très peu de stocks, presque rien. Ça donne donc un peu ce sentiment d’acheter une basket en série limitée.
En dehors de votre site Internet, est-il possible de se procurer vos paires de baskets ?
Nous avons fait le choix de les vendre principalement via notre site Internet pour poursuivre cette démarche de production juste et sans stocks, grâce aux précommandes. Aujourd’hui, nous sommes tout de même présents dans quelques boutiques de la région Pays de la Loire, et dans une boutique en Normandie. On sélectionne les boutiques avec beaucoup de soin, il faut qu’elles adhèrent à notre démarche écoresponsable.
Que peut-on souhaiter pour la suite de l’aventure Panorama ?
Notre production est aujourd’hui basée au Portugal, mais on aimerait à l’avenir fabriquer des produits made in France. On pense déjà à de nouveaux accessoires ou de nouvelles matières comme le lin, par exemple, que l’on sait très bien produire en France.