Le syndrome prémenstruel : un trouble méconnu
Quelle femme un peu à fleur de peau ne s’est jamais entendue dire, sur un ton mi-condescendant, mi-agacé : « t’as tes règles ou quoi » ? Cette remarque revêt pourtant une réalité méconnue et peu documentée : le syndrome prémenstruel (SPM) et ses différentes formes.
Une étude d’envergure internationale, menée par des chercheurs américains à travers cent quarante pays et portant sur plus de deux cent mille femmes utilisant l’application de suivi menstruel Flo Health*, a révélé que les femmes du monde entier ressentent chaque mois les conséquences de ce syndrome prémenstruel, qui peut apparaître de deux à dix jours avant le début des règles.
Il se manifeste par des symptômes physiques (douleurs mammaires, troubles digestifs, maux de tête, troubles du sommeil, etc.) ou psychologiques (irritabilité excessive, anxiété, etc). « La majorité des femmes le vit bien, même si elles ressentent de légers symptômes », indique Sandra Fernandez, sage-femme et sexologue à Montaigu. « Pour d’autres, ce trouble nuit à leur vie sociale, familiale, voire professionnelle. »
Pour 3 à 8% des femmes en âge de procréer, ce syndrome prémenstruel est très violent et se nomme trouble dysphorique prémenstruel (TDPM). Trouble dont souffre Julia Kerninon. Dans sa chronique littéraire, elle essaie de poser des mots sur son ressenti : une « souffrance intense », une « peine écrasante », un « désespoir ». Surtout, elle explique qu’elle a vécu « dix ans de peur et de vulnérabilité » avant de comprendre ce syndrome.
La prévention ? Quelle prévention ?
« La prévention n’est pas assez importante concernant le SPM. Elle devrait commencer dès le collège, voire le primaire, quand débutent les règles et quand la construction de soi s’opère », assène Sandra Fernandez.
Et s’il n’existe pas de traitement miracle, des outils existent. « Il convient d’abord d’éliminer les raisons médicales : une pilule qui aurait pour effet secondaire de provoquer une irritabilité exacerbée ou un burn out par exemple. Ensuite, on peut essayer la sophrologie, la méditation, la réflexologie, l’acupuncture ou encore travailler l’hypnose », propose la sage-femme.
Quant au prochain qui ose nous reprocher nos sautes d’humeur, on lui fera remarquer que son humeur est souvent en dents de scie lorsqu’il est derrière le volant !
*Étude publiée en août 2022 dans la revue scientifique Archives of Women’s Mental Health