Habitat

Immobilier. Un marché en surchauffe

Le neuf marque le pas 

La construction de logements neufs a diminué ces deux dernières années dans la métropole. Un déficit qui va mettre des années à se résorber. Décryptage.

« Est-ce qu’on construit assez ? La réponse est non ». Pascal Prat, vice-président de Nantes Métropole en charge de l’urbanisme, assume : le nombre de logements neufs produits à Nantes en 2019 et en 2020 n’est pas au rendez-vous. La Métropole s’est fixé un objectif de 6 000 logements nouveaux par an. L’année dernière, on était plus proche des 4 500. Plusieurs explications à ce raté dans la construction : prudence des collectivités lors des années pré-électorales et électorales, nouveau PLUM (plan local d’urbanisme métropolitain), Covid, augmentation des coûts de la construction et manque de main-d’œuvre. 

« Que ce soit pour les promoteurs immobiliers ou les bailleurs sociaux, les coûts se sont envolés de 20 ou 25 %. Ils sont amenés à relancer plusieurs fois des consultations pour avoir des réponses de la part des entreprises », souligne l’élu. L’impact de ce creux de production va se faire ressentir dans les années à venir, en 2022 ou 2023. « Le marché sera encore tendu pendant deux ans. On ne rattrapera pas le retard en quelques années, mais on est aujourd’hui sur la pente ascendante. Si on s’approche des 6 000 logements à la fin de l’année, je serai très satisfait ». 

Les prix risquent donc de continuer d’augmenter sur le marché de l’ancien, analyse l’élu, d’autant que le taux d’occupation des logements a tendance à largement diminuer. « Nous avions autrefois 2,8 personnes par logement, aujourd’hui, c’est un peu plus d’une  personne en raison de l’éclatement des ménages et de l’allongement de la vie. Cela veut dire que si l’on veut accueillir un nouvel habitant, il nous faut construire deux logements ». 

Densité et verticalité

« On devrait prendre des mesures d’urgence », estime Christine Ferra, présidente du Club Immobilier Nantes Atlantique qui fédère l’ensemble des métiers de la filière immobilière. « Les opérations sont de plus en plus longues à sortir, les délais ne sont plus raisonnables », estime-t-elle. Autre problématique : l’accès au foncier. La Métropole s’est engagée – sans doute à raison – à réduire drastiquement sa consommation d’espace naturel agricole et forestier

« Où devons-nous construire si nous ne voulons pas d’étalement urbain ? », interroge Christine Serra. « Il y a là un paradoxe : dans le même temps, on veut éviter de construire trop haut ou trop dense. Nous pensons au contraire qu’en cœur de ville, dans la métropole, il faut une certaine densité et une verticalité. Et ce n’est pas parce qu’on construit en hauteur que la qualité de vie est dégradée au pied ». 

« On doit donner envie d’habiter ici, rappelle Pascal Prat. Nous devons organiser un territoire qui réponde aux besoins et aux souhaits de chacun. C’est ce que nous avons proposé avec le nouveau PLUM. Nous allons sans doute faire une ville plus dense, mais ça ne doit pas peser sur la qualité de vie des habitants ». 

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