CINÉMA. 5ème set : le tennis mis à nu sur grand écran
Enfin un film sur les coulisses du tennis. Avec un casting de rêve : Alex Lutz, Ana Girardot et Kristin Scott-Thomas au service d’une histoire aussi physique que psychologique. Jean-Jacques Lester a rencontré le réalisateur Quentin Reynaud au Festival international du film de la Roche-sur-Yon où il présentait son film Cinquième Set. Il l’a interrogé pour Action – Le Mag Ciné sur France Bleu Loire Océan
Cinquième Set est un film sur la compétition, le tennis, mais pas seulement…
Le tennis a deux vocations dans mon film : il sert à appréhender ce qu’est ce sport dans sa complexité technique, physique et psychologique, mais il a aussi vocation à parler de ce qui se passe derrière. Dans la plupart des films qui ont parlé de ce sport, le tennis est le plus souvent une toile de fond. Moi, je voulais parler dans le détail du tennis de manière à évoquer quelque chose d’un peu universel : ce qui se passe dans la tête d’un joueur, dans sa famille, avec sa mère ou avec sa femme.
Ce joueur de tennis est incarné par Alex Lutz. Il se raccroches toujours à ses rêves, malgré toutes les épreuves d’une carrière pas si accomplie…
Tenir le coup et être un peu aveugle, c’est ce qui m’intéresse dans ce genre de personnage. J’aime beaucoup ce type de parcours. On peut penser en littérature au Désert des Tartares de Dino Buzzati, où le soldat attend jusqu’à la fin de sa vie que la guerre éclate. Ces personnages qui vont jusqu’au bout des choses et qui sont persuadés que quelque chose va arriver m’intéressent particulièrement. Ils n’abandonnent pas et ne lâchent pas, quitte à détruire ce qu’il y a autour d’eux.
Même si il a joué dans votre précédent film, Alex Lutz pour jouer ce personnage, il fallait y penser. Comment l’avez-vous convaincu ?
On s’est croisé de manière totalement hasardeuse dans un train. On était resté en contact, et en discutant des projets qu’il avait et de ce que j’étais en train de finir d’écrire, il est apparu assez vite des intérêts convergents. Il a vu des choses dans le scénario que je n’avais pas forcément imaginé. Il apporte également au personnage quelque chose d’assez nostalgique, qui appartient au passé. Et je connais aussi sa capacité de travail : je savais qu’il serait capable de travailler beaucoup pour devenir tennisman dans les interstices, entre les points, qui seraient joués par les doublures. Rien que pour faire ça, il fallait travailler quatre ou cinq heures par jour pendant quatre mois. Et il l’a fait.
Les séquences de tennis sont d’une grande intensité, on est captivé comme si on regardait un match. Vous-même, vous avez joué au tennis à haut niveau et vous êtes parvenu à rendre cette ambiance.
J’ai été un bon joueur de club mais je n’ai jamais été proche de devenir professionnel. Par contre, mes amis étaient prédestinés à faire carrière. Je me suis inspiré de tout ce corpus d’expérience de gens autour de moi et de toute la mythologie tennistique. Parmi les raisons de faire ce film, il y a à la fois la passion pour le tennis et un réel intérêt pour tous ces gens qui étaient promis à des choses fantastiques et qui, finalement, pour différentes raisons, n’y sont pas arrivés. La dernière raison, c’est qu’aucun film, selon moi, n’avait abordé la difficulté psychologique et les contraintes physiques de ce sport. Cela m’intéressait vraiment de travailler dans l’ombre d’un sportif de haut niveau.
Comment avez-vous organisé les séquences de match ? C’est vraiment très crédible…
Tous les points joués dans le film ont été scénarisés. Je les ai tous écrits, dessinés. Il y a même tout un story-board. Je donnais des cadres aux joueurs et à un moment, ils débordaient de ce cadre et je prenais cet instant. Toutes les séquences du début sont filmées à l’intérieur du terrain. On est à un mètre cinquante du joueur. Je souhaitais obtenir, à travers la mise en scène, l’expérience qu’on a tous vécue en regardant les matchs de Roland-Garros. J’ai en fait repris les codes de réalisation des matchs de tennis à la télévision.
Cinquième Set est en salle depuis le 16 juin.