Actualités,  Beauté,  Bien-être

La beauté n’est pas futile

Tout au bout du quai de la Fosse, un espace beauté hors du commun offre un cocon aux personnes en situation de précarité.

« C’est la première fois que je viens faire un soin ici. Ce lieu va me permettre de retrouver une routine beauté », témoigne Ikram, sourire aux lèvres, qui sort de son rendez- vous de coiffure et repart avec trois produits de beauté. Car lorsque l’on a peu de choses, la beauté est loin d’être futile, comme l’explique Élodie Bernadi, directrice RSE et développement durable chez L’Oréal France, partenaire de ce projet d’espace Beauté et Bien-Être avec l’association Les Eaux Vives Emmaüs : « La finalité de ce type de lieu est de renforcer voire de redonner confiance en soi, de permettre d’avoir une meilleure estime de soi. Quand on se sent bien et beau, on est plus capable d’aller à un rendez-vous, quel qu’il soit (rencontre parent-prof, entretien d’embauche…). Permettre à tous d’accéder à la beauté, ça a du sens. » Un propos que confirme Noémie Caquineau, directrice du pôle Nantes Métropole de l’association Les Eaux Vives Emmaüs : « On n’imagine pas que la beauté puisse être une porte d’entrée pour une réinsertion sociale ; on pense plutôt au logement ou à l’alimentation. Mais c’est par cette porte-là qu’on peut travailler l’estime de soi. Un rendez-vous beauté n’est pas anodin : nous avons accueilli une personne dont la première coupe de cheveux de sa vie s’est faite ici. »

La beauté, outil pour la réinsertion sociale

Les personnes sont orientées vers l’espace beauté par les travailleurs sociaux d’une trentaine d’associations nantaises partenaires. « Pour venir, les bénéficiaires doivent entrer dans un projet de réinsertion. Ils reçoivent alors un bon valable un mois qui leur donne droit à un soin et trois produits de beauté. Il y a plusieurs gammes de produits (maquillage, soin du corps, des cheveux, du visage…) et la personne choisit ce qu’elle veut », explique Mathias Biver, intervenant social à la halte de nuit femmes des Eaux Vives et à la boutique.

Ce lieu est le quatrième en France et le premier hors d’Île- de-France. Il est né de la collaboration entre L’Oréal France (qui finance les produits, l’aménagement de l’espace et les salaires des socio-esthéticiennes et coiffeuses), la fondation L’Oréal (pour le financement des soins) et l’association locale Les Eaux Vives Emmaüs. Et il était attendu à Nantes. « En trois mois d’existence, nous avons accueilli quatre cents personnes », compte Noémie Caquineau. Outre la boutique, ouverte tous les après-midi, une socio-esthéticienne et une socio-coiffeuse sont présentes une après-midi chacune par semaine. Des ateliers mensuels sont également proposés. « Nous aimerions ouvrir plus de créneaux pour des soins, mais nous avons besoin de partenaires », souligne Noémie Caquineau. À bon entendeur…