« Le Prince Oublié »
Vous voulez partir loin, très loin, mais alors vraiment très très loin ? Alors courez voir « Le Prince oublié ». C’est l’histoire de Sofia, huit ans, qui vit seule avec son père. Un papa qui invente mille et une histoires dont lui et sa fille, la princesse Sofia et le Prince courageux, sont toujours les héros. Jusqu’au jour où Sofia se lasse de ces histoires… Au casting, Omar Sy et François Damiens, mais aussi Bérénice Béjo, reçue par Jean-Jacques Lester dans Action – Le Mag Ciné sur France Bleu Loire Océan. Avec le réalisateur du film, Michel Hazanavicius.
Comment peut-on décrire ce film ? C’est une comédie fantastique, un conte moderne ?
Michel Hazanavicius : C’est une comédie fantastique et familiale, qui prend la forme d’un conte moderne effectivement. Ça raconte l’histoire un peu éternelle d’un papa qui doit laisser grandir sa fille. C’est quelque chose qui nous arrive à tous, soit en tant qu’enfant, soit en tant que parent. Vu de l’extérieur, ce n’est pas grand-chose, c’est banal et intime. Mais en fait, c’est une aventure épique avec des crises et des conflits, et ça déplace de grandes choses. Le film a une manière de raconter l’histoire qui englobe ces deux parties : l’intime et le spectaculaire.
Le papa du film, c’est Omar Sy. Et pour lui, fini les petites histoires du soir pour sa fille, alors qu’il y prenait un vrai plaisir…
M. H. : C’est un papa extrêmement aimant et dévoué pour sa fille, donc, évidemment, Omar Sy était l’acteur idéal pour l’incarner. Et effectivement, ils partagent tous les soirs ce rituel du papa qui invente et raconte des histoires à sa fille. Le film met en scène ces histoires, les montre, mais montre aussi ce qui se passe lorsque l’histoire s’arrête et que la petite fille s’endort. On reste dans cet univers, et les personnages prennent vie en dehors des histoires. On a un double niveau de narration dans ce film, et, le jour où la petite fille ne veut plus d’histoires, ces personnages se retrouvent tous un peu en crise.
La déco du film est formidable, c’est comme si on était dans un film d’animation mais en chair et en os !
M. H. : C’est exactement ça ! C’était d’ailleurs un des enjeux du film : faire un mélange entre les êtres humains et un univers qui est complètement fantasmé.
Et cela donne ce va-et-vient entre la réalité et cet univers qui fait penser aux studios d’Hollywood, avec une référence à un monde où des acteurs qui ont été célèbres à un moment peuvent tomber aux oubliettes ?
M. H. : Oui, ou même pour faire référence à un film muet que j’ai fait (« The Artist », Ndlr), des acteurs qui se retrouvent oubliés quand arrive le parlant. Mais effectivement, il y a de l’aventure, avec ce moment où les enfants ne vous rejettent pas, mais vous mettent à la distance où vous devez être. Ils deviennent des individus beaucoup moins dépendants de vous. Laisser grandir un enfant, c’est un ajustement permanent. L’arrêt du rituel des histoires, parfois, cela peut être un peu dur pour le père. Parce que c’est acter la fin de l’enfance.
Comment avez-vous créé cet univers qui bascule à la fin de la période « Mon père ce héros » ?
M. H. : Cela ressemble aussi bien à un studio qu’à un parc d’attractions, avec un côté Disneyland dedans. Omar Sy a un look de prince, qui pourrait aussi bien être un look de super-héros, et, le jour où sa fille ne veut plus d’histoires, ce monde se retrouve en danger. Ça devient donc une aventure épique, car le monde est en danger et le prince doit sauver le monde, donc c’est chaud pour lui ! Tout ça parce qu’une petite fille dit un soir que les histoires, elle va se les raconter toute seule.
Bérénice Béjo, vous interprétez une fée dans le film. Omar Sy comme partenaire, c’était la première fois ?
Bérénice Béjo : Oui, on s’était rencontrés aux César parce qu’il avait gagné le César du meilleur acteur pour « Intouchables » en même temps que je gagnais celui de la meilleure actrice pour « The Artist ». On s’était retrouvés sur scène, et il avait à l’époque une énergie, un sourire, une présence, une générosité comme s’il partageait quelque chose de lui avec tout le monde avec une facilité étonnante. Et pendant le tournage, c’était ça, un bonheur ! Il a quelque chose de plus grand, plus fort, de plus incroyable, donc il était vraiment parfait pour ce rôle de père, parce qu’on est tout de suite en empathie avec lui !
François Damiens fait lui aussi partie du casting, avec un incroyable rôle de méchant d’opérette. C’est le méchant qu’on adore détester !
M. H. : Il est aussi méchant que Gargamel ! Ce qui veut dire que le danger est à peu près au niveau 0 avec lui. On sait que ça n’ira nulle part, donc c’est grotesque. C’est vraiment un film que j’ai voulu faire aussi pour les enfants, et c’était très nouveau pour moi… Le personnage de François Damiens s’appelle Prik-Prout – pour vous dire le niveau de dangerosité du gars ! C’est effectivement un personnage très enfantin.