Rencontre avec Stéphane Thebaut : « Chaque maison, c’est une histoire »
M comme Maison, l’émission présentée par Stéphane Thebaut, était de passage dans le Morbihan en automne. Ateliers de création à Vannes, maisons de rêve à Carnac, Baden et Saint-Gildas-de-Rhuys, et rencontre avec une tisseuse à Colpo sont au programme. Rencontre avec le journaliste toujours passionné de la maison.
Cela vous intéresse toujours autant de découvrir ce qui se passe un peu partout en France ?
Mais bien sûr ! Je reviens toujours en Bretagne avec plaisir puisque c’est ma terre natale. Je viens une ou deux fois par an, me ressourcer et prendre un bol d’iode. Et c’est vrai qu’on adore faire le tour de France avec cette émission, parce qu’il y a des réalisations exceptionnelles un peu partout. Il y a des talents présents dans toutes les régions et c’est à nous de les mettre en avant.
Le vivier des créateurs semble infini…
Les gens ont un vrai souci de bien-être aujourd’hui. C’est surtout ça, la réalité : beaucoup de personnes sont en reconversion professionnelle, elles ont parfois travaillé pendant vingt ans dans un univers dans lequel, excusez-moi les mots, elles se sont fait ch*** , et aujourd’hui elles préfèrent fabriquer des paniers en osier, faire de la céramique, de la ferronnerie ou tout autre art dans lequel elles sont parfaitement épanouies.
Votre émission est d’autant plus d’utilité publique que beaucoup de gens ont eu envie d’améliorer leur intérieur après les confinements que nous avons vécus…
Il est vrai que, depuis une vingtaine d’années, le consommateur a adopté une façon de voir la maison complètement différente, ne serait-ce qu’en matière de décoration. Par exemple, quand mes parents achetaient une commode en merisier, elle restait dans le salon pendant trente ans et n’allait jamais bouger. Moi, au bout de deux ans, si j’en ai marre d’un buffet, je vais en changer. Je vais consommer la décoration d’autant plus facilement que beaucoup d’enseignes se sont développées. Et il est vrai qu’avec les différents confinements, on a passé beaucoup de temps chez nous et tant qu’à faire, on préfère vivre dans un environnement agréable.
L’impact des confinements, ce n’est pas seulement sur la déco, c’est aussi sur le télétravail ?
L’organisation de la maison va aussi évoluer dans les prochaines années. Dans toutes les idées que nous sommes amenés à développer via l’équipe d’architectes d’intérieur de l’émission, ces nouvelles contraintes sont forcément prises en compte. Les téléspectateurs sont très friands de ce genre de choses.
Quelle philosophie doit primer dans une maison, selon vous ?
Chacun doit avoir sa place dans sa maison. Vous me posiez la question de savoir si je prenais toujours autant de plaisir à animer cette émission. Eh bien, je ne peux pas faire autrement ! Chaque maison, c’est une histoire différente. C’est l’histoire de celles et ceux qui y vivent. Soit je m’intéresse à l’humain et j’essaie de comprendre comment chacun fait sa place dans cette maison, soit je ne parle que de techniques, et au bout de deux mille cinq cents visites, j’ai un peu compris comment on les concevait, les maisons…
En regardant vos émissions, le téléspectateur a l’impression que vous découvrez l’endroit en même temps que lui et les artisans ?
Lorsque j’arrive dans une maison, je souhaite effectivement être le plus candide possible pour la découvrir en même temps que les téléspectateurs, et poser les questions qu’eux-mêmes pourraient se poser. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est l’humain. Je pourrais tenir la conversation que je tiens avec les propriétaires, les architectes et le décorateur comme je pourrais la tenir avec un boucher, un boulanger ou un cantonnier. Si j’ai une personne passionnée en face de moi, on peut en faire deux heures…
L’émission s’est arrêtée sur France 5, mais pour vous, il était hors de question de ne plus être à l’antenne ?
Quand l’émission s’est arrêtée sur France 5, nous avons eu la chance d’avoir des comités de soutien phénoménaux sur les différents réseaux sociaux. Des gens se sont énormément mobilisés et ont montré leur tristesse ou leur envie que ça continue. Fort heureusement, le groupe Canal+ est venu nous voir en nous disant qu’il voulait poursuivre l’aventure avec nous, sans la moindre transformation. En tant que producteurs indépendants, nous avons pu reproduire l’émission avec exactement la même formule sur C8. C’est un confort absolu.
Que retenez-vous de toutes ces rencontres ?
Les visages. J’ai une chance inouïe après tout ce que nous venons de traverser : à longueur de journée, je rencontre des gens passionnés qui ont le sourire et qui ont envie d’aller de l’avant. C’est ce que j’aime : à travers cette émission, on tire les gens vers le haut, on fait passer le message qu’il suffit de se prendre par la main pour que la vie soit plus belle. Et pourquoi pas en faisant l’effort de transformer sa maison ? Ce n’est pas une question de budget, c’est une question de volonté, d’envie et de bonnes idées. J’ai vu plein de maisons qui coûtaient très cher et qui étaient très moches à la fin, et j’ai aussi vu plein de maisons qui ne coûtaient pas cher et où il y avait du bon sens dans tous les coins.
M comme Maison, le dimanche à 19h15 sur C8