Immobilier. Un marché en surchauffe

C’est reparti comme au début des années 2000. Le marché immobilier est en hausse soutenue. En surchauffe. Les prix des appartements anciens ont augmenté de près de 12% l’année dernière à Nantes. Presque tous les secteurs du département sont concernés. Se loger est toujours possible mais il faut faire des choix. Et casser sa tirelire. 

« C’est maintenant ou pas ». Julie, son compagnon et ses deux enfants ont voulu changer d’appartement à Nantes. Ils sont déjà propriétaires depuis quelques années, sauf que, depuis leur premier achat, tout a changé. Le climat n’est plus du tout le même. Le bien qu’ils visent, trois ou quatre chambres, un bureau et un extérieur, le tout pas loin du centre, est devenu le Graal. « Certaines agences ne te rappellent même pas. J’ai eu le sentiment qu’on est tellement nombreux à les contacter que c’est très compliqué de pouvoir décrocher une visite, souffle-t-elle. Il ne faut pas être « réactif », comme ils disent, il faut être au taquet ». C’est même parfois un travail à plein temps que de chercher à se loger. 

Esther, elle, a décidé de venir s’installer à Nantes avec sa famille juste avant le premier confinement. Elle a dû piloter la recherche depuis Paris où elle habitait. « À Paris, on a l’habitude d’être ultra-réactifs. Du coup, ça ne m’a pas choquée », sourit-elle. Elle a tout de suite repris le pli de la rechercher « à la parisienne ». « On regardait toutes les annonces et on appelait dans la demi-heure qui suivait leur parution. Il était parfois sept heures du matin et on était déjà les troisièmes ou quatrièmes à avoir appelé ». N’étant pas sur place, c’est un ami qui fait les visites et envoie les photos. « Il avait tout notre dossier. C’est comme ça que nous avons décroché notre appartement près de Zola. On a signé sans l’avoir vu mais aujourd’hui, je suis super contente. Je ne bougerais pas de là où on est pour l’instant ».

Garder la tête froide

« Il ne faut pas tout mélanger, c’est dynamique mais pas pour tous les biens, tempère François Beauné de l’agence François & François, quartier Copernic. Nous avons énormément de demandes pour des appartements avec terrasse ou des maisons avec un emplacement le plus central possible. Tout le monde veut la même chose et c’est tendu sur ce type de bien, pointe-t-il. Les Parisiens qui veulent s’installer à Nantes ne vont pas quitter la capitale pour se retrouver sans extérieurs ». Les acheteurs sont donc là, avec des budgets parfois très conséquents qui dépassent le million d’euros, mais pas pour acheter n’importe quoi. Et certains types de logements restent en retrait. C’est le cas des logements plus classiques hors de l’hyper-centre, l’appartement avec terrasse n’étant pas la construction la plus répandue à Nantes. « Pour un appartement au troisième étage sans ascenseur dans l’ancien, je dirais que les prix se tassent vraiment, assure l’agent immobilier. La hausse n’est pas équilibrée. Les biens recherchés avec un extérieur ont peut-être pris 15 ou 20% en un an, alors que les appartements anciens sans balcon ont parfois baissé ». Les petites surfaces, elles, continuent de voir leurs prix augmenter avec un marché tiré par les investisseurs. 

« Il y a des prix qui s’envolent, c’est vrai, mais il ne faut pas confondre l’exception avec le reste du marché, prévient Jean-Yves Guet, directeur de l’agence Bréville Immobilier. Tout ne part pas à n’importe quel prix, c’est pourquoi je conseillerais aux vendeurs comme aux acheteurs de garder la tête froide et de faire confiance aux professionnels », souligne ce spécialiste de l’hyper-centre et du quartier historique. Ne pas s’emballer tout en se positionnant rapidement, c’est aujourd’hui le paradoxe auquel doivent faire face les acheteurs. 

Un confinement qui change tout ?

« Les deux vagues de confinement vous ont-elles conduit à reconsidérer à long terme l’organisation de votre vie professionnelle ? ». C’est la première question d’une étude très intéressante menée par Barnes International. À 43 %, les personnes interrogées répondent « oui ». 25 % des sondés déclarent vouloir acheter une résidence secondaire en prévision de possibles futurs confinements, et pour 82 % d’entre eux, cette résidence doit permettre d’accueillir la famille avec enfants et petits-enfants, y compris en situation de télétravail. « Qu’il s’agisse de Nantes, où la demande s’est fortement accrue pour les appartements avec terrasse et les maisons familiales, ou La Baule, qui connaît une augmentation des recherches de biens avec terrain et piscine, nous notons un net accroissement des recherches à caractère familial, décrypte Etienne de Gibon, directeur associé de Barnes Nantes-La Baule. Il s’agit de maisons de vacances pouvant recevoir plusieurs générations ou de propriétés comptant plusieurs bâtiments, pour y accueillir les amis en plus de la famille proche. Il s’agit souvent de demandes émanant de Parisiens et de Français installés à Londres ». En effet, au-delà de la résidence secondaire « classique » (ou 89% des sondés veulent désormais passer plus de temps chaque année), Barnes pose là la très bonne question du concept de résidence « semi-principale ». Cela veut dire que les frontières se brouillent schématiquement entre la résidence de ville et la campagne ou la mer. On partage son temps au lieu d’y séjourner sur de courtes périodes. 72 % des personnes interrogées sont favorables à cette idée. 

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