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Dossier : Faut-il arrêter de prendre l’avion ?

Cette question vous a sûrement traversé l’esprit. Depuis plusieurs années, l’utilisation de l’avion comme moyen de transport fait débat. Vous avez forcément entendu parler d’impact carbone, de polémiques autour de compagnies dont les avions continuent de voler presque vides, ou encore de certaines personnalités publiques qui usent et abusent des jets privés. Mais comment s’y retrouver ? Comment continuer à voyager tout en protégeant l’environnement ? Comment faire notre part dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre sans tirer un trait sur nos destinations de rêve ?

avion

Quand certains disent stop à l’avion, d’autres trouvent des alternatives… Après deux années où notre liberté de voyager a été mise à rude épreuve, tout ce que l’on souhaite maintenant, c’est changer d’air, et pouvoir parcourir le monde à nouveau. En train, en van, en bateau, à vélo… Voyager autrement, sans prendre l’avion, tout en s’émerveillant, le pari est lancé !

L’avion, ils ont dit stop !

Julia est écrivaine et maman de deux enfants. « Il y a quatre ans et demi, nous avons eu notre premier enfant avec mon mari. Quand il avait neuf mois, nous sommes partis en vacances dans le Massif central. Antoine, mon mari, a passé toute une après-midi à regarder des vidéos sur son ordinateur. Je ne comprenais pas pourquoi. Il est revenu en me disant que « c’était la fin du monde ». Je pense qu’il a eu un flash. Le fait d’avoir un enfant nous rend beaucoup plus sensible aux informations. »

C’est donc son mari qui a pris en premier la décision d’arrêter de prendre l’avion. « On s’est dit que sur ce point-là, on pouvait avoir un impact. À la base, nous ne sommes pas de grands voyageurs. Mais quand il m’a annoncé cela, raconte Julia, cela m’a beaucoup choquée. L’idée de ne plus prendre l’avion compliquerait plus de choses… et en même temps, je me suis rendu compte que c’était un effort que l’on pouvait faire précisément, parce que notre vie ne repose pas sur le fait de prendre l’avion. »

Car l’impact de cette décision va plus loin que le bilan carbone. Il est dans les conversations. « Quand on dit : « je ne prends pas l’avion », les personnes en face de nous envisagent cela comme une possibilité. »

« Une prise de conscience »

« On constate une prise de conscience de la part d’un certain nombre de voyageurs », confirme Damien Camenen, de l’agence de voyage Les Carnets de Magellan à Vannes. Certaines pratiques ont changé : « Les gens ont moins tendance à prendre l’avion pour aller à Rome, à Berlin ou à Madrid juste pour un week-end par exemple. Désormais, on a tendance à rester plus longtemps sur place. De même pour les voyageurs sur des vols long courrier, ils restent parfois une semaine de plus que d’habitude. » Damien Camenen note également une amélioration du côté de certains constructeurs aéronautiques et compagnies aériennes.

L’écotourisme a le vent en poupe

Il y a aussi ceux qui ont trouvé des alternatives pour voyager. On peut citer les Bretons fondateurs de l’association Lost in the Swell, toujours en quête de moyens de transport non-polluants pour mener à bien leurs surf trips. Voilier, vélo… la notion de « slow travel » se démocratise d’année en année. Désormais, on voyage moins souvent, mais plus longtemps. Certains choisissent le train avec la méthode Inter Rail, qui consiste à traverser les pays d’Europe uniquement en train. D’autres encore ont décidé de se tourner vers un moyen de transport qui reconnecte à la nature, ludique et économique : le van aménagé.
« Entre 2020 et 2021, selon le syndicat des véhicules de loisirs Uni VDL, il s’est commercialisé plus de 30 000 véhicules neufs en France. Plus de la moitié sont des fourgons et des vans aménagés, et les autres sont des camping-cars. Une croissance qui a bondi de 23,44 % », écrit l’Automobile magazine. 

Le van, « le nouveau voyage à la mode »

« Nous avons commencé notre activité en avril 2019. Le premier été a directement bien marché », illustre Claire Le Merrer, gérante de la société Breizh Campers qui loue des vans aménagés. « Post Covid-19, le van était un des meilleurs moyens de voyager. C’est le nouveau voyage à la mode. » Le van, c’est le voyage simple. Certains sont des habitués, d’autres, qui testent le van pour la première fois, doivent apprendre à le connaître. Pour la douche et les toilettes, il faut se débrouiller. Un véritable retour à la nature ! « Beaucoup veulent tester avant d’acheter », ajoute Claire. La demande étant très forte, « il y a jusqu’à deux ans d’attente pour un van Volkswagen. »

Quel est le réel impact du transport aérien sur le climat ?

Au niveau des émissions de CO2 par voyageur et par km, l’avion vient en tête du classement des plus polluants, dans des proportions similaires à la voiture individuelle. Ses émissions sont de l’ordre de 45 fois supérieures au TGV, ou 15 fois supérieures pour la moyenne des trains à longue distance. 

Dans les statistiques françaises, les émissions du transport aérien représentent seulement 2,8% des émissions des transports et 0,8% des émissions totales de gaz à effet de serre. Ces faibles chiffres s’expliquent par le fait que seuls les trajets internes à la France sont comptés (outre-mer compris). Les transports internationaux ne sont pas pris en compte. 

Tous types confondus, un avion consomme en moyenne, par passager, 3 litres de carburant pour 100 kilomètres parcourus. 1 litre de kérosène consommé correspond à 3 kg de CO2. Un avion émet donc 9 kg de CO2/100km en moyenne.

Voilà pourquoi on prend souvent l’exemple du vol aller-retour Paris-New York : il correspond, en moyenne, à une tonne de CO2 émise. 

Si vous n’avez d’autre choix que de prendre l’avion, il reste recommandé de choisir un vol en classe économique, privilégier un vol direct, ou encore maintenir les volets des hublots fermés.

Sources : ecoco2.com / hellocarbo.com